La rubrique « Un auteur indépendant se présente » est un espace d’expression et de visibilité pour tout auteur indé qui le souhaite. Ici, chacun a carte blanche pour parler de ses œuvres, de son univers, de son parcours, de ses projets, et de l’édition indé.
De ça et du reste, puisque l'indépendance, c'est la liberté.
Merci à Linden Oliver pour sa contribution.
© Linden Oliver |
Mon parcours et mon univers littéraire
J’écris depuis que je sais tenir une plume ; à six ans
je réécrivais avec mes mots et mes fautes d’enfant les contes et les légendes
que l’on me racontait. Selon une expression que beaucoup d’auteurs utilisent
naturellement, j’ai été biberonnée aux romans de fantasy que lisait et me
racontait ma mère, à la mythologie antique, aux légendes médiévales et à
diverses histoires du monde (les contes d’Henri Gougaud par exemple). Écrire
était déjà une telle évidence ! Mais je ne crois pas qu’il s’agisse d’un
don inné. L’astuce, c’est de ne jamais
perdre sa capacité à rêver, et d’avoir du courage. Beaucoup de
courage ! J’aurais très bien pu abandonner l’écriture et me consacrer à
autre chose, la natation par exemple. Mais non, il est des destins qui vous
collent plus à l’âme qu’à la peau et qui, je crois, vous poursuivent de vie en
vie jusqu’à ce que vous les réalisiez. C’est ce que j’ai compris quelques
années plus tard, lorsque mon père est décédé. Écrire a été un moyen de
survivre et d’exprimer ma douleur. J’écrivais car je ne pouvais ni pleurer ni
saigner ; j’étais à ce point stupéfiée, figée par ce deuil titanesque, qu’écrire
était la seule chose qui faisait encore vibrer la corde triste de mon cœur,
alors que le monde autour me paraissait si vide, dépeuplé, et ne faisait qu’attiser
ma frustration et ma colère. Entre mes 13 ans et mes 18 ans, je n’avais qu’un
but : finir ce premier roman et ne pas me « foutre en l’air » tant
que cela n’était pas terminé. Alors oui, écrire m’a sauvé la vie. En organisant
une première œuvre intitulée la Seconde
Guerre des dragons, je me suis construite, j’ai fait le tri en moi-même,
transformant astucieusement de lourds fardeaux en héritage radieux. Il a fallu
que je sois un temps renfermée sur moi-même pour pouvoir m’ouvrir aux autres.
Mais n’est-ce pas le propre de l’adolescence et de tout travail intellectuel et
psychique ? Ce qui était un refuge et un garde-fou contre mes pulsions de
destruction est maintenant un moyen de transmettre ma force, ma lumière et mon
expérience à d’autres. C’est aussi toujours un exutoire, un espace d’expérimentation
de tous les possibles !
Je me suis lancée dans les études sans trop savoir quel
métier faire, mais avec l’idée ferme que le savoir acquis serait profitable,
voire indispensable, pour mon travail d’écriture. Les lettres modernes, l’histoire
de l’art et enfin la psychologie clinique m’ont apporté une grande rigueur d’élaboration
et de rédaction, en plus d’avoir élargi ma culture et ma compréhension de l’homme
et du monde. Les compétences de mon compagnon en histoire du droit me sont
également très utiles. Je mets un point d’honneur à ce que l’univers de mes
romans soit construit, cohérent et vivant. Même s’il s’agit de fantasy, je ne
peux faire sans une dose de réalisme et de réalisme sourcé, car pour moi l’esprit
doit avoir un point d’ancrage solide pour pouvoir s’évader librement. Enfin, la
mort de mon père et mon expérience de mort imminente m’ont ouverte à une quête
lumineuse de spiritualité, et tous mes romans sont en lien avec la mort, l’au-delà
et le sens de la vie. Ces réflexions sur les rapports entre les êtres humains
et sur la spiritualité permettent de donner à mon univers une profondeur et une
certaine originalité. J’espère faire rêver le lecteur en décrivant à la fois la
beauté et la fragilité du monde, la couleur des sentiments et l’essence des
hommes.
Mes
influences
Côté romans et auteurs de référence, j’ai été très influencée
par Anne Rice et sa saga sur les vampires ; j’en retiens toutes les
descriptions sublimes, la sensualité des personnages et la finesse des
dialogues et des réflexions philosophiques. Margaret Weis et Tracy Hickman, puis
Anne McCaffrey, sont à l’origine de ma passion pour les dragons. J’ai lu
presque tous les Royaumes oubliés et
les Lancedragon. Mercedes Lackey, tient
une place privilégiée dans mon cœur avec sa trilogie des Flèches de la reine. Marion Zimmer Bradley, avec ses Dames du lac est également à citer ;
ses personnages féminins et forts ont sans doute inspiré les miens. Pour l’humour,
c’est Terry Pratchett et ses Annales du
Disque-Monde qui ont mes faveurs. Je n’ai pas fini de lire le Seigneur des anneaux, mais il est
clair que ma vision des elfes est issue de celle de Tolkien. Enfin, Robin Hobb
et son cycle de L’Assassin royal sont
à la naissance de mon roman Les Pèlerins
d’Yssel et ont contribué à la maturation de mon style écrit : comment
ne pas être charmé et inspiré par une écriture aussi mélancolique ? Dans
une catégorie plus « classique », je suis toujours subjuguée, depuis
mon enfance, par le Roman de la momie,
de Théophile Gautier, ainsi que par les
Fleurs du mal de Baudelaire.
Mon premier roman en auteur indépendant :
« Les Pécheurs » est le
premier tome d’une saga intitulée Les
Pèlerins d’Yssel. Ce n’est pas mon
premier écrit, ni mon premier roman, mais c’est celui qui méritait une édition
pour tout le travail dépensé : un vrai travail d’écriture et non plus un
simple épanchement d’âme. C’est l’œuvre d’une certaine maturité, un travail sur
plusieurs années qui se construit et vit en même temps que moi. Je l’ai
commencé en 2007, lorsque la lecture de L’Assassin
royal de Robin Hobb et la musique Nara
du groupe ES Posthumus se sont télescopées ! Étrange alchimie qui a donné
naissance à cette formidable aventure ! L’élaboration et la rédaction se
sont doucement faites entre mes cours de psychologie et mes nuits de
surveillance en internat.
Les
Pécheurs se déroule sur 25 chapitres (plus
de 750 pages en format imprimé !). Roman de fantasy s’inscrivant dans un univers
médiéval, c’est une fresque épique dans laquelle des destinées héroïques
combattent, s’aiment ou se déchirent dans un cadre grandiose. L’histoire nous
immerge dans un monde complexe, sensuel et fabuleux, mais qui menace aussi de
vaciller dans le néant. Embarqués dans une véritable course contre la fin des
temps, les personnages devront puiser en eux le courage et les forces
nécessaires pour sauver les êtres qui leur sont chers ou survivre à leur
disparition.
Mon personnage principal est Moéva
d’Arézar, célèbre mercenaire approchant la quarantaine, général à la retraite
(forcée), l’antithèse de toutes ces charmantes héroïnes littéraires que l’on
croise à la pelle. Je ne voulais pas
d’une héroïne principale lisse et parfaite, maîtresse en arts martiaux et qui a
réponse à toutes les énigmes qu’on lui propose. Je voulais écrire avec un
personnage qui me dérangerait, qui saurait me bousculer. Je désirais pouvoir
déposer mes peurs et mes angoisses dans ce personnage, et m’émerveiller de le
voir faillir ou vaincre. Moéva me permet d’exploiter les thématiques et les
questionnements du handicap, de la maternité, de la peur d’être soi-même et de
l’attachement à l’autre, de la confrontation aux hommes et à leurs lois, du
désir de paix et de mourir, et enfin du sens et du fardeau de la Vie et de la
Foi. Têtu et insoumis, ce personnage me réserve bien des surprises et m’a déjà
plongée dans de vives complications ! Il m’est déjà arrivé qu’elle
choisisse de prendre une autre direction que celle imposée par mon plan. Elle
me déroute et me fascine autant que les autres héros qui croisent sa route. C’est
une râleuse attachante, une solitaire au grand cœur, une passionnée qui a
horreur de l’injustice. Et si elle toise les étrangers de son air sombre, ce n’est
que pour mieux leur dissimuler sa fragilité intérieure et les multiples fêlures
de son âme.
Mon parcours d’auteur indépendant et ma vision du courant
indé
Après avoir bien protégé mon œuvre et commandé une
couverture auprès d’une illustratrice professionnelle (la talentueuse Clémence
de Chambrun), j’ai contacté toutes les maisons d’édition spécialisées dans la
fantasy et le médiéval fantastique en France (sauf une célèbre en qui je n’avais
pas... confiance, par rapport notamment à mon expérience lors du Salon du Livre
à Paris). J’ai attendu patiemment que les délais de réponses soient écoulés avant
de me lancer en numérique.
Sur 15 maisons à qui j’ai envoyé mon manuscrit, j’ai eu 4
réponses : 2 m’ont signalé poliment que mon roman n’était pas dans la veine de
ce qu’elles recherchaient actuellement (Ah, bon ? Hum... Bah, au moins
elles n’ont pas dit clairement que c’était nul ^^), et les 2 autres se sont
montrées enthousiastes quant au potentiel commercial de mon œuvre, et m’ont
directement envoyé un contrat, mais sans garantie de publier la suite de l’histoire
et ajoutant à cela une participation de ma part de 3 500 € à 3 800 €
pour les frais de couverture, de maquette et de correction. J’avoue avoir
envoyé mon manuscrit à ces 2 maisons-ci par erreur ; si je n’ai pas retenu leur
option pour publier mon œuvre, que celle-ci ait attirée l’attention d’un comité
d’édition m’a mis du baume au cœur. Mais pas à ce prix ! Je me suis déjà
ruinée pour finir ce premier tome et le diffuser auprès des éditeurs, stop !
Sans autres réponses, et grâce aux conseils et aux
encouragements de ma chère amie Eva Liebermann, je me suis alors tournée vers
le numérique et l’édition en auteur indépendant. Car pour moi, il n’était pas
question que je renonce à un rêve d’enfant. J’avais écrit les premiers tomes
des Pèlerins d’Yssel pour qu’ils
soient publiés, pour partager mon univers, et je n’allais certainement pas
revenir là-dessus. J’ai donc décidé de profiter des opportunités que nous
offraient la vie et les nouvelles technologies. Si l’on ne peut franchir un obstacle,
il faut le contourner ! Petit à petit, j’ai réalisé qu’être auteur indé m’apportait
un avantage indéniable : rester maîtresse de mon œuvre. Comment mieux
coller à ma personnalité ? Financièrement, je m’y retrouve : je suis
passée par un célèbre distributeur gratuit, ce qui me permet de rendre mon
œuvre accessible à un prix moindre qu’en libraire (pour un format de pages
équivalent). Juridiquement et administrativement, moi qui ne suis pas un foudre
de guerre dans ces domaines-là, je suis tout à fait satisfaite, car il y a le
moins de démarches possibles. De plus, je peux à tout instant mettre à jour le contenu de mon roman,
afin de corriger une coquille par exemple. Être un auteur indépendant est pour
moi le prolongement naturel de mon travail et de ma philosophie d’écriture :
c’est la liberté d’être soi-même et le plaisir de partager sans prise de
tête !
Mon œuvre étant maintenant disponible en ebook mais aussi en
broché, je touche sans problème un plus grand panel de lecteurs, car nombreux sont
ceux dans le domaine de la fantasy qui sont sentimentalement très attachés au
papier. Actuellement, j’ai d’ailleurs plus de ventes sur ce support qu’en
numérique.
Mes projets
Humblement, je n’ai pas la prétention de devenir célèbre,
juste de faire partager mon univers, que celui-ci plaise ou non. Si cela arrive,
merci aux lecteurs, aux amis et au destin ! Je m’étais toujours dit que j’assumerais
de me dire « écrivain » lorsqu’une personne achèterait mon livre et
le lirait : c’est chose faite.
Je ne peux cesser d’écrire, donc d’autres romans suivront, toujours
en indé. Le tome 2 des Pèlerins d’Yssel,
« Les Vengeurs », est prévu pour juin 2013. Le tome 3, en cours de
rédaction, devrait sortir un an plus tard. J’ai également un projet de lexique
illustré du monde d’Adir afin de permettre au lecteur de s’y retrouver dans cet
univers foisonnant ; ce serait une collaboration avec l’illustrateur
Ronnie Bella.
Enfin, j’ai décidé de réécrire mon premier roman (celui qui
m’a aidée à continuer après la mort de mon père), probablement sous un autre
nom. Je vais aussi reprendre de courtes histoires déjà rédigées ou
partiellement élaborées, afin qu’elles collent mieux à mon style actuel ;
elles seront rassemblées sous le terme de « Chroniques ».
Mes remerciements
Merci à Vincent, mon bien-aimé, à ma famille et aux Anges
qui nous entourent.
Merci à mes amis, mes premiers lecteurs, et à tous les
autres curieux qui oseront se plonger dans mes mots et mes pages.
Merci à Eva Liebermann, ma sœur d’âme, qui m’a accompagnée
et poussée plus loin dans cette aventure humaine ; c’est notamment grâce à
elle que cet entretien a pu se faire.
Merci à vous, Laurent, pour votre accueil et votre
bienveillance.
À tous et à toutes je vous souhaite sincèrement le meilleur.
Vous pouvez suivre l’avancée de mes travaux et découvrir mes
autres projets créatifs sur mon blog.
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