La
rubrique « Un auteur indépendant se présente » est un espace d’expression
et de visibilité pour tout auteur indé qui le souhaite. Ici, chacun a carte
blanche pour parler de ses œuvres, de son univers, de son parcours, de ses
projets, et de l’édition indé.
De
ça et du reste, puisque l’indépendance, c’est la liberté.
Merci à Nicolas
Didier Barriac pour sa contribution.
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C’est avec anxiété que je m’approche du lieu de rendez-vous.
Depuis des semaines, le monde de l’édition ne parle plus que de lui et de son
premier roman, Malakas…, une
autofiction délicieusement ironique et tendre. Nicolas Didier Barriac, malgré
un agenda médiatique chargé comme un sportif espagnol, accepte de m’accorder
quelques minutes de son temps pour me permettre d’en savoir plus sur sa récente
percée dans le milieu. On le dit farouche et imprévisible. Je tente de le
saluer…
Bonjour Nicolas. Merci de m’accorder cet
entretien. Il semblerait qu’avant de publier Malakas… votre parcours était très ancré dans le journalisme
musical.
Tout à fait. J’ai commencé à écrire « sérieusement » il y a un peu
plus de dix ans, non pas par le biais de la fiction mais en créant un webzine
entièrement dédié à la musique. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à
participer en tant que pigiste à des magazines papier et à de gros sites
spécialisés. Je continue aujourd’hui encore avec une envie intacte.
C’est donc pour cela qu’il y a autant d’éléments
musicaux dans Malakas… ?
La musique fait partie de mes passions les plus chères. Et
comme dans un film, lorsqu’une chanson fait son apparition, il est possible de
dépeindre beaucoup de sentiments avec un simple morceau de musique dans une
narration. Cela aurait été bête de ne pas se servir de ce pouvoir évocateur. De
plus, le héros du roman, Louis, a une relation très particulière à la musique,
notamment au titre Ballad of Sir Frankie
Crisp (Let it Roll) de George
Harrison. Et son meilleur ami est le leader d’un groupe de rock allumé. Tout
cela fait qu’il y a pas mal de références à la musique tout au long de Malakas…
Le ton du roman est très classique, mais
il use aussi du sarcasme et de l’absurdité à tour de bras. C’est la patte NDB ?
J’aime les histoires enracinées dans le réel. Mais pour les
rendre intéressantes sur la longueur d’un roman, il faut leur apporter un twist sous peine d’ennuyer les
lecteurs. Ici je trouvais que l’absurdité et l’ironie des situations pouvaient produire l’effet recherché. Le
narrateur est vraiment horripilant de mollesse, et les deux principaux
personnages féminins ont des comportements désespérants. Il y avait matière à
décrire une histoire d’amour singulière. Une fois le cadre installé, avec ces
personnages très forts, il n’y avait plus qu’à dérouler et à doser quelques
rebondissements.
En tant que lecteur, vous appréciez quels
genres de livres ? Vos goûts personnels transparaissent dans Malakas… ?
Tout ce qui arrive à jongler entre larmes et rires avec
habileté me plaît particulièrement. J’apprécie les histoires touchantes et
drôles, écrites avec sérieux. J’ai essayé de réaliser ce genre de roman avec Malakas…, où les éléments traditionnels
des intrigues sentimentales sont présents mais totalement détournés et portés
en dérision. J’aime à penser que ce livre a une approche décalée comme pouvait
l’avoir le film Love Actually par rapport
aux comédies romantiques.
Vous avez autopublié ce roman. Pourquoi
ce choix ?
Je suis ouvert sur bon nombre de sujets, mais je ne transige
pas sur la liberté artistique. Depuis une décennie que je côtoie des groupes,
internationaux ou locaux, j’ai mesuré l’importance de cette notion. J’ai vu des
dizaines de groupes forcés de pondre un album pour se défaire d’un contrat, précipiter
l’enregistrement pour respecter une tournée bookée à l’avance, etc. Dans l’édition,
j’imagine que c’est pareil. Or, que ce soit en musique ou en littérature, nous
avons tous à disposition des moyens modernes pour mettre dans les mains du
public nos œuvres. Pourquoi nous en priver ? Je hais l’idée selon laquelle
des intermédiaires filtrent ce que le public doit ou pourrait aimer. Je suis
convaincu de l’intelligence des gens. Ils peuvent se forger un avis par
eux-mêmes, même devant un choix abondant. Si, si, essayez, vous verrez.
Vous préférez le support papier ou le
support numérique pour lire ?
Tout dépend de l’usage. Dans les transports en commun ou en
vacances, par exemple, je n’ai pas envie de m’encombrer d’un gros livre. Chez
moi ou tranquillement installé dans un café, je n’ai pas envie de sortir une
tablette. En fait, je n’ai pas envie de choisir. Les deux solutions ont leurs
avantages et leurs inconvénients, même si, indéniablement, une bibliothèque
avec des liseuses alignées est sacrément moche.
Bien que Malakas… ne soit sorti que depuis quelques jours, vous avez déjà d’autres
projets en tête. Pouvez-vous nous en toucher quelques mots ?
Dans les semaines à venir, il y aura quelques surprises à
suivre autour du roman. Par ailleurs, l’écriture de Malakas… s’est terminée fin 2012. Depuis, j’ai commencé une autre
histoire dans un genre complètement différent. Mais rien ne dit que ce soit la
prochaine à paraître, car j’ai aussi quelques nouvelles auxquelles je suis très
attaché et qui pourraient voir le jour.
Pour en connaître
davantage sur l’auteur