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19 janvier 2013

Chris Simon : pourquoi en numérique ?



© Louise_imagine
Sur son blog, Le baiser de la mouche, Chris Simon propose une rubrique qui s’appelle « Pourquoi en numérique ? ». Dans cet espace d’expression, elle propose aux auteurs édités en numérique d’expliquer leurs choix pour un tel support de publication et de lecture. Elle met à leur disposition un panel de 20 questions. Ils doivent en sélectionner 5 et y répondre.
Auteur elle-même, Chris a accepté, non sans humour, que je la soumette à son tour à son propre questionnaire; un genre d’arroseur arrosé littéraire.
Elle a donc sélectionné ses cinq questions et nous donne ses réponses.


1. Quelle est ton expérience dans l’édition avant le numérique ?

Je publie des textes courts depuis 10 ans dans des revues et sur la Toile. Alors en 2009, dès mon arrivée en France, j’ai eu envie de passer à l’étape édition et j’ai écrit Le Baiser de la mouche. En 2010, Je l’ai envoyé à 23 maisons d’édition, quelques grandes et surtout des petites ou des moyennes. J’ai reçu des encouragements et des « les nouvelles ne se vendent pas en France ». Au final, une seule m’a répondu favorablement (j’ai quitté cette maison en 2012).
Les éditeurs ont raison sur un point, les nouvelles ne se vendent pas. J’ai autopublié deux recueils de nouvelles en numérique (de 2011 à 2012), et si j’ai quelques retours de lecteurs vivement enthousiastes, mes recueils se vendent en petit nombre. Mais je rassure ces lecteurs, je continuerai ! Le numérique me le permet.
Il n’y a pas de culture de la nouvelle en France. Le xxe siècle littéraire français a produit de grands poètes et de grands romanciers, mais pas de nouvellistes dont la reputation internationale soit comparable à celle de l’Argentin Jorge Luis Borges, la Canadienne Alice Munro, l’Irlandais William Trevor ou encore les Américains Eudora Welty ou Raymond Carver. Je ne blâme donc pas les éditeurs, ils dirigent des entreprises et doivent gagner de l’argent.
En France, un auteur de fiction doit écrire des romans s’il veut se donner une chance d’être lu par le plus grand nombre. En août 2012, j’ai franchi le pas. J’ai soumis à publie.net un court roman, Ma mère est une fiction. Il me semblait que mon texte entrait complètement dans l’esprit et la nouvelle collection « Ouvrez ! » de cette cooperative d’auteurs. Publie.net l’a publié. J’étais ravie et j’ai pris conscience que l’auteur en moi avait mûri.


2. Pourquoi le numérique ?

Quand une nouvelle possibilité s’offre à toi, ce serait faire preuve d’imbicillité que de ne pas en explorer le potentiel.
Je lis en numérique, je lisais et j’écrivais sur ordinateur avant l’arrivée des liseuses. Je continue d’écrire sur ordi et je lis principalement sur ma liseuse. C’est une évolution logique dès lors que l’on écrit et publie sur la Toile, on ne voit pas la différence entre un livre en papier et un livre numérique. Le support ne fait pas le livre, l’auteur et le lecteur font le livre.
Je me suis lancée dans ma première autopublication grâce à une rencontre. On ne fuit pas devant la nouveauté. Au contraire, on s’y jette. L’édition est un business, l’écriture n’en est pas un. Comme beaucoup d’auteurs, j’ai fait des tas de métiers ou de boulots pour payer les factures tout en continuant à écrire chaque jour. Je pressens que le numérique pourrait me permettre de gagner ma vie... Je connais des auteurs aujourd’hui qui vendent suffisemment d’ebooks pour payer leurs factures. Le numérique change la répartition des rétributions sur un livre commercialisé. Par exemple, en autopublication, 30 % du prix du livre vont à la plate-forme et les 70 % restants à l’auteur. Il y a donc ici un espoir concret.
Bref, le lecteur paie moins et l’auteur gagne plus !


3. Comment as-tu défini le prix de ton ebook ? Les raisons ?

Je publie à un prix moins élevé que celui d’un livre de poche, les lecteurs apprécient. Le barême sur Amazon étant 70 % de revenus pour l’auteur à partir de 2,99 au lieu de 35 % sur un tarif inférieur à 2,99, il est donc préférable de mettre ses livres à 2,99 minimum. Le prix de 2,99 $ me paraît honnête pour le lecteur et me satisfait en rapport au travail d’écriture que je fournis (je formate moi-même donc pas de frais de ce côté-là). Je pratique le 2,99 dans tous les pays, ce qui veut dire qu’en Europe ce sera aussi à 2,99 €. Pour les promotions, je propose un prix de 0,99 $/€, et parfois la gratuité.


4. Sur quelles plates-formes ton livre est-il distribué ?S’il y a des plates-formes
sur lesquelles ton livre/tes livres n’est pas/ne sont pas distribué(s), donnes-en les raisons.

Le Baiser de la mouche est en vente sur Amazon Kindle, Kobo, KobobyFnac, iBookStore et Nookbook. Je viens de mettre La Couleur de l’œil de Dieu dans le programme KDP Select, j’étais curieuse d’essayer cette formule. Exclusivité sur Amazon pendant trois mois, je l’ai donc retiré des autres plates-formes.
On verra ce que ça donne... L’ebook est régulièrement gratuit sur Amazon.fr et empruntable gratuitement sur Amazon.com et .uk dans la bibliothèque Amazon.
Ma mère est une fiction est aussi en vente sur toutes ces plates-formes, plus les plates-formes françaises comme immateriel.fr, et bien sûr sur le site de l’éditeur publie.net. Je pourrais mettre mes livres autopubliés sur immateriel.fr. Il suffit de se déclarer autoentrepreneur et d’obtenir un numéro de Siret, mais pour l’instant, je n’en vois pas l’obligation et je n’ai pas envie de compliquer mon statut juridique.
De nouvelles plates-formes de vente ou des librairies sont en train de voir le jour en France, mais elles mettent un point d’honneur à refuser les indés (l’auto-édition). Franchement, ce n’est pas un problem, car Amazon, iBookStore et Kobo, qui domminent le marché, nous permettent de publier ! ;-) À noter quand même YouScribe, plate-forme sur laquelle j’avais mis La Couleur de de l’œil de Dieu et qui m’a valu plus de 350 lectures d’extraits en 2011.


5. Démarches-tu les blogs et les sites de lecture ?
Combien de critiques as-tu obtenu sur tes livres ?

Oui, je demarche, et les nouvelles sont bonnes. Un total de huit critiques sur deux ebooks dans les trois derniers mois, alors que sur l’année 2011 seulement trois critiques pour La Couleur de de l’œil de Dieu. De plus en plus de blogueurs et blogueuses lisent en numérique, et du contemporain d’indés ou de pure players. En deux ans, ça a beaucoup évolué (voir sur mon blog Pourquoi en numérique ? rubrique dans laquelle les blogueuses/eurs/lectrices/eurs sont invités).
Lire ces critiques sur mon site, elles sont excellentes et donnent envie, j’espère, à d’autres lecteurs d’acheter et de lire mes livres.
Il faut ajouter aux critiques les commentaires sur les clubs de lecture et les plates-formes de ventes d’ebooks qui permettent un bouche à oreille optimal.
Un réseau, mélange de commentaires, de blogging et de sites littéraires ouverts aux ebooks et aux indés est en train d’émerger.
Mes livres sont lus, et par des lecteurs qui expriment et partagent leurs expériences de lecture. Ça me donne l’envie et l’énergie de continuer... J’écris en ce moment un deuxième roman !




Pour en savoir davantage sur Chris Simon

Auteure franco-américaine, Chris Simon écrit en anglais, en français et en pyjama !
Elle a publié en numérique un roman, Ma mère est une fiction (chez Publie.net), et deux recueils de nouvelles autopubliés, La Couleur de l’œil Dieu et Le Baiser de la mouche. Elle est membre du comité de lecture de la revue littéraire  Rue Saint Ambroise et chroniqueuse pour le magazine californien GOINGmobo.

Site de l’auteur : http://ebookbychrisimon.webs.com
Suivez-la sur Twitter : @Qrisimon ou sur Facebook
Chris Simon : bibliographie


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