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30 mars 2013

La littérature en indisponibilité au pays des Lumières… éteintes

La BNF et ses listes de la honte



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Dès 2012, le monde des lettres pouvait redouter le pire, après que son ministère, par la voix de sa représentante fraîchement entrée en fonction, eut affirmé haut et fort, devant le président du Syndicat national de l’édition (SNE) : « C’est l’éditeur qui fait la littérature. » Nous – écrivains et lecteurs – qui pensions naïvement que c’était l’auteur qui faisait la littérature ! Merci pour ce recadrage, madame le ministre « des Hautes Instances de la culture mais surtout pas de sa valetaille ».
Nous pouvions craindre le pire, donc. Et ça aurait été un moindre mal. Car depuis le 21 mars 2013, le ministère de la Culture et le SNE, qui s’entendent décidément comme larrons en foire, nous montrent qu’il est possible d’aller bien au-delà du pire.
Sans consulter les principaux intéressés – à savoir les auteurs et leurs ayants droit –, le gouvernement, le SNE, la Bibliothèque nationale de France (BNF) et la Société des gens de lettres ont décidé de remettre en cause le droit d’auteur, au pays même des Lumières, qui l'ont créé. Certains ne doutent de rien. Cette mesure a priori anticonstitutionnelle se matérialise par un projet baptisé ReLIRE (Registre des livres indisponibles en réédition numérique).
Explications.

Qu'est-ce que le projet ReLIRE ?
Le plus drôle, si je puis dire, est que l’idée ne vienne même pas d’eux – ces gens-là n’ont pas beaucoup d’imagination – ; ils l’ont piquée à Google Books, qu’ils traitaient de pirates, à l’époque, et qu’ils ont viré pour prendre sa place. C’est la différence entre le pirate, qui est un voleur hors-la-loi, et le corsaire, qui est voleur mandaté par l’État. Nous passons donc d’un projet pirate à un projet corsaire. Ça ne change pas grand-chose pour les victimes, dans les deux cas les détrousseurs montent à l’abordage sabre aux dents.
Le projet ReLIRE consiste à numériser, sans le consentement des auteurs ni de leurs ayants droit, les livres du XXe siècle (publiés entre le 1er janvier 1901 et le 31 décembre 2000) déclarés « indisponibles ». Un livre indisponible est un livre qui n’est plus exploité commercialement, que ce soit en version papier ou en version numérique. Seraient concernés 500 000 ouvrages, que la BNF numériserait ainsi. Et le 21 mars de chaque année, elle établirait une liste de 60 000 nouveaux ouvrages numérisés. La première liste a vu le jour le 21 mars 2013. La prochaine sera consultable le 21 mars 2014, et ainsi de suite jusqu’à épuisement des 500 000 titres.
Cette loi vise officiellement à rendre de nouveau accessible dans le commerce les livres qui en ont définitivement disparu. Comment s’opposer à ce noble objectif ? Comment ne pas faire passer les auteurs et les ayants droit qui y trouveraient quelque chose à redire pour d’odieux personnages auprès des lecteurs ? Comment ne pas les faire passer pour les grands méchants rapiats, près de leurs sous et de leurs œuvres ? Comment ne pas tomber dans ce piège ?

Le droit d’auteur et le Code de la propriété intellectuelle violés
Considérons que le projet ReLIRE est bien ce qu’il prétend être : un moyen de maintenir en vie des œuvres à jamais disparues sinon. Dans ce cas, pour quelle étrange raison ses instigateurs ont-il bien pris soin de ne pas se concerter avec les auteurs et ayants droit ? Pour quelle étrange raison cela ne s’est-il pas décidé au grand jour ? Qui s’y serait opposé ? Quel auteur aurait intérêt à ce que ses œuvres ne soient pas diffusées le plus largement possible ? Au lieu d’agir en pleine lumière, le gouvernement a fait passer la loi en catimini, une nuit à l’Assemblée ; entre chiens et loups – chacun se reconnaîtra.
Dans un pays civilisé et démocratique, pour qu’un éditeur puisse exploiter les droits numériques d’un ouvrage, il doit rédiger, comme  pour la version imprimée, un contrat ou un avenant au contrat et le faire signer à l’auteur. Le projet ReLIRE permet à l'éditeur de s'acquitter de cette obligation. Ce qui ajoute à la violence de la récente loi et qui la rend inique, c’est son principe de l’opt-out. Les œuvres sont d’emblée classées dans la liste de la BNF, prêtes à la numérisation, sans que personne n’ait pris soin au préalable de proposer à l’auteur ce fameux avenant numérique. Nous nous trouvons en violation totale du fondement même du droit d’auteur. Celui-ci, placé au pied du mur, doit effectuer des démarches administratives pour que la BNF retire ses textes de sa liste – quelque chose me glace les sangs lorsque je prononce à voix haute « la liste de la BNF », il y a comme de vieux relents…
L’auteur doit donc envoyer à la BNF, et cela pour chacun de ses livres, une photocopie recto/verso de sa carte d’identité et une déclaration sur l’honneur attestant qu’il est bien l’auteur dudit ouvrage. Si l’on a beaucoup d’humour, on peut y voir une forme d’hommage à l’univers kafkaïen ! Quatre mois plus tard, la BNF daigne répondre à l’auteur pour l’informer de sa décision de retirer ou non le livre. On croit rêver.

Projet ReLIRE, projet tiReLIRE… mais pas pour les auteurs
À partir du moment où un livre figure sur la liste de la BNF, l’auteur a six mois pour exprimer son désaccord. Passé ce délai, le texte peut être numérisé et voir le traitement de ses recettes confié à un organisme de gestion collective, la Sofia.
Cet organisme est composé à parité d’éditeurs et d’auteurs, là où nous nous serions attendus à ce que seuls des auteurs s’occupent de cela. Si projet ReLIRE = projet tiReLIRE, ce n'est certes pas au bénéfice de l'auteur. En effet, c'est l’éditeur qui reste l’exploitant exclusif des droits numériques par périodes de 10 ans, renouvelables par tacite reconduction, alors qu’il avait pourtant cessé de commercialiser le livre, déclaré en conséquence « indisponible ». S’il décline la proposition, n’importe quel autre éditeur qui le souhaite peut exploiter l’œuvre, sans exclusivité, pour une durée de 5 ans.
Ni les auteurs ni leurs ayants droit ne sont prévenus lorsque les ouvrages sont inscrits sur la liste, c’est à eux de faire de la veille. Et s’ils ne se manifestent pas, cela arrivera bien souvent, qu’adviendra-t-il des royalties qu’ils sont censés percevoir ? À quel prix les livres seront-ils commercialisés ? Quel pourcentage reversera-t-on aux auteurs ?
Autant de questions bizarrement sans réponses pour l’instant, et très certainement pour longtemps.
Non, les auteurs ne veulent pas garder leurs œuvres pour eux ; non, ils ne veulent pas s’enrichir par tous les moyens ; non, ils ne veulent pas priver les lecteurs de leurs ouvrages. Il ne veulent simplement pas diffuser leur art à n’importe quel prix ni n’importe comment.
Il aurait été tellement plus simple, tellement plus respectueux, tellement plus honnête de les consulter au lieu de les traiter par le mépris et de chercher à gagner trois sous sur leur dos, en cachette. Il aurait été tellement plus simple d’appliquer le principe de l’opt-in, dans lequel l’auteur exprime son désir de voir ses œuvres sur la liste, sans y être contraint et forcé manu militari. On sait trop de quelle manière évolue une société qui fait passer ses artistes et ses intellectuels pour les ennemis du peuple.
Le seul bien d’un créateur est sa création. Si on la pille, si on la vole, si on l’exploite honteusement, c’est le créateur qu’on pille, qu’on vole et qu’on exploite.
Dans une telle situation, on aurait presque envie de crier : « Vive l’indépendance ! Vive l’autoédition ! »
Il est vrai qu’il n’a jamais été aussi simple, pour les auteurs, que de publier leurs textes sans aucun intermédiaire et de se retrouver en prise directe avec leur lectorat.
Une solution à méditer ?

Liens utiles à consulter

29 mars 2013

Jennifer Richard : auteur dystopique mais pas pessimiste pour autant



Avec Bleu poussière, Jennifer Richard a été lauréate 2007 de la Résidence Robert Laffont du premier roman consacrée à la littérature fantastique. Elle a publié, en 2010, un deuxième roman intitulé Requiem pour une étoile, toujours dans le fantastique. Puisque nous sommes en 2013 et que cet auteur semble sortir un roman tous les 3 ans, son nouvel opus paraîtra à la fin de l'année. Mais cette fois-ci, Jennifer  Richard change de registre. De toute façon, pour elle, les classements en genres sont réducteurs et l n'existe au fond qu'un seul genre : la littérature.

Peux-tu nous parler de tes deux premiers romans et nous dire dans quelle catégorie les classer ?
En 2006, j’ai participé à un concours organisé par les éditions Robert Laffont sur le thème de l’écriture fantastique. Je me suis donc pliée à l’exercice, alors que ce que j’écrivais jusqu’alors ne relevait absolument pas de ce domaine. J’écrivais des nouvelles très ancrées dans la réalité. Mais, contre toute attente, je me suis beaucoup amusée. Quand on veut dire des choses et quand on aime écrire, peu importe que l’action se situe au Moyen Âge ou dans un futur lointain, on arrive toujours à exprimer ce que l’on veut. D’ailleurs, pour me conformer au thème imposé, j’ai choisi le biais de la science-fiction, et en particulier de la dystopie, qui n’est qu’une façon détournée de parler de la société actuelle en imaginant la façon dont elle pourrait évoluer en fonction des choix effectués.
En reprenant un mauvais rêve que je faisais régulièrement, j’ai imaginé le début de mon roman : un jeune homme rentre chez lui après une soirée arrosée et, sans bien se rendre compte que quelque chose se produit durant la montée de l’ascenseur, se retrouve dans une société différente de celle qu’il connaissait. Chez lui, des inconnus ont remplacé ses parents. Des inconnus ont remplacé tous ses voisins. Dans la rue, l’ordonnancement des bâtiments n’a pas changé de manière flagrante, mais suffisamment pour qu’il perde pied. Le plus étonnant est que tout le monde, tout le temps, sourit. Pour retrouver son foyer, il sera contraint de mener une enquête de longue haleine, d’autant plus périlleuse que le simple fait de manifester son inquiétude risque de le trahir et qu’il occupe, dans cette société étrange, une fonction de premier plan.
Rapidement après en avoir terminé la rédaction, la trame de mon deuxième roman m’est venue en tête, et, sans que je l’aie vraiment décidé, il s’agissait de nouveau de la description d’une dystopie. Cette fois-ci, c’est un documentaire sur Anthelme Mangin, le soldat inconnu de Rodez, qui m’a inspirée : un homme descend du train après un long voyage et une longue absence, sans avoir le moindre souvenir de la vie qu’il menait auparavant. Qui est-il ? Quels rapports entretenait-il avec sa femme et ses fils jumeaux ? Pourquoi les deux garçons semblent-ils tant craindre leur mère ? C’est un roman choral qui donne la parole tour à tour à l’inconnu du train, puis à une jeune femme qu’il a rencontrée lors de son voyage, et enfin à son épouse, qui dénouera toute l’intrigue.
Ces deux romans sont proches par leur thème, mais également par les sentiments exprimés. Il s’agit dans les deux cas de personnages seuls et malades. Ce sont des thrillers psychiatriques, en quelque sorte.

Il semblerait que tu changes de genre pour ton prochain roman à paraître. Que raconte-t-il ?
En effet, alors que j’avais en tête d’écrire une trilogie dystopique et que j’avais entamé un troisième roman dans la veine des deux précédents, j’ai préféré mettre ce projet de côté. Je ne le sentais pas. Comme si les personnages ne voulaient pas me parler. J’ai ensuite écrit un roman à quatre mains avec une amie, exercice qui nous a beaucoup plu, bien que le roman, avec le recul, ne nous semble pas à la hauteur de nos ambitions.
Un autre projet a mûri d’un coup, après cela. Alors que j’observais mon mari dans la rue, et que je remarquais que plusieurs personnes le regardaient, j’ai imaginé l’histoire d’un homme qui, depuis sa naissance, attire sur lui tous les regards, en toute circonstance. Centre d’attention de toute la famille dès ses premiers jours, il est sans cesse prié de chanter, danser pour divertir l’assemblée ; durant sa scolarité, les instituteurs, les professeurs ne voient et n’interrogent que lui, les journalistes réalisant un micro-trottoir l’arrêtent immanquablement dans la rue, on l’accuse injustement d’avoir rayé la portière de la voiture, de ne pas avoir rappelé, on le prend pour le voisin, le cousin, le boulanger, le pharmacien, on le prend pour un homme politique, pour une star de cinéma, un chanteur populaire. Et pour tout le monde, son nom résonne de manière familière, puisqu’il s’appelle Félix Fort.
Mais le jeune Félix ne prend la parole qu’après son grand-père, également nommé Félix Fort, nom qui, sous la IIIRépublique, a une toute autre résonnance. Le vieux Félix, à l’inverse, a souffert toute sa vie de n’être jamais remarqué, vu ni entendu. Il a passé sa vie à faire tapisserie, même au sein de son propre foyer. Cette particularité, qui lui a valu de traverser la boucherie de la Première Guerre mondiale à peu près sain et sauf, l’a également muré dans une solitude à l’origine de moult inventions passées inaperçues.
À travers le destin de ces deux hommes se dessine également une histoire de la France, de 1896 à 2012.
Ce roman, pour lequel mon mari m’a apporté une grande aide, par ses suggestions et ses idées, est celui qui me tient le plus à cœur, car c’est celui dans lequel j’ai pu exprimer la plus grande variété de sentiments, et c’est ce que je recherche, en écrivant, comprendre tous les sentiments, en fonction du point de vue que l’on adopte face à une situation donnée. C’est également un roman moins sombre que les précédents, tout en étant, je pense, plus profond.

Que penses-tu de la pertinence des classements en genre littéraire, en dehors du fait que ça arrange les libraires pour étiqueter leurs rayonnages ?
Je pense que l’avis d’un libraire serait plus pertinent que le mien. Pour ma part, je trouve dommage de classer les romans par genre. Car si on parle de littérature générale, c’est forcément avec une pointe de condescendance que l’on appréhende la littérature de genre. Certains grands classiques parviennent à se glisser dans les rayonnages nobles de la littérature générale, tels bien sûr les écrits fantastiques de Maupassant ou Balzac, l’œuvre de Wells, Huxley, Orwell… mais la plupart du temps, les grands auteurs de littérature fantastique ou policière sont classés à part. Si on ne se montre pas très curieux, on risque ainsi de passer à côté de Lovecraft, Matheson, Azimov pour le fantastique, à côté de Simenon, Chandler, Himes pour le polar…

Quelles sont tes influences, tes références, littéraires aussi bien que musicales, cinématographiques, etc. ?
En matière de littérature, je m’efforce de goûter à tout, pour m’enrichir, pour apprendre. Je suis régulièrement étonnée de la liberté de l’écrivain. Tout est possible, en littérature, on peut écrire sur tout, de toutes les façons. Mais les romans qui m’ont le plus bouleversée sont les récits de guerre, en particuliers les écrits sur 1914-1918, qui ont apporté beaucoup de changements dans la façon d’écrire, avec un style souvent sobre, incisif, sans tabou, sans sensationnalisme, toujours à la première personne, indémodable. Le plus beau, selon moi, et l’un des moins connus est La peur, de Gabriel Chevallier, auteur surtout célèbre pour Clochemerle. J’ai été marquée par les romans de Pierre Schœndoerffer, de Jean Hougron, sur l’Indochine. Par Soljenytsine, Koestler, Kundera, Gheorghiu, Leon Uris, Primo Levi sur les régimes totalitaires. J’ai voyagé à travers le monde avec les romans de Somerset Maugham et Graham Greene. J’ai ri avec Boris Vian, Romain Gary (si, si, certains passages sont très drôles), David Lodge. Je me suis imprégnée de culture créole (ma mère est guadeloupéenne) avec Dany Laferrière, Gisèle Pineau, Simone Schwarz-Bart, Patrick Chamoiseau… Je me nourris de tout ce que je lis, et je suis un peu moins ignorante à chaque livre que je referme. L’écriture est selon moi la plus importante des inventions de l’homme. C’est l’écriture qui marque le début de l’Histoire, c’est l’écriture qui permet la reconnaissance des actions de l’homme, des plus belles aux plus désastreuses.
Je ne suis pas fermée à d’autres formes d’expression. Adolescente, je me voyais réalisatrice, avant de revenir à ma passion première, celle de l’écriture. Le film qui a éveillé ma passion pour le cinéma a été Terminator II, qui demeure mon film culte. Attention, ce n’est pas mon film préféré. Un film culte, c’est différent, c’est une notion empreinte de nostalgie et étrangère à toute critique que la maturité pourrait révéler.  Mes films préférés sont ceux de Terrence Malick. Disons que dans mon top 10 des meilleurs films, il y en a quatre des six qu’il a réalisés à ce jour, avec en tête Le Nouveau Monde. Dans ce palmarès figurent également L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, There Will Be Blood, Apocalypse Now, Voyage au bout de l’enfer, Les Sentiers de la gloire. Un outsider, aussi, avec Freaks, de Tod Browning.
Quant à la musique… je dois avouer que je ne suis pas une mélomane, au sens commun du terme. Je ne pourrais pas me passer de lire, je pourrais difficilement me passer de films, mais je pense que je pourrais me passer de musique. Je ne dis pas que je n’aime pas la musique, mais je ne me déplace pas avec un baladeur (on dit plutôt MP3, non ?), je ne mets pas la musique à fond pendant que je me prépare pour aller au travail, je ne cours pas après les concerts… à l’exception toutefois des concerts de metal, pratiquement le seul genre qui me fait vibrer (j’aime également la musique classique, mais je ne m’y connais pas suffisamment pour affirmer cela en public). Inutile de citer les groupes que j’écoute car, à part Metallica et System of a Down, leur nom ne dirait rien à personne (Children of Bodom ? Arch Enemy ? In Flames ? Kalmah ?).
Pourtant, c’est toujours (j’ai bien conscience que le mot « toujours » est trop grand pour une « œuvre » pour l’instant aussi courte que la mienne) une musique qui rythme la trame de mes romans. Pour le premier, ce fut Welcome Home (Sanitarium), de Metallica. Pour le deuxième, ce fut Les Dingues et les Paumés de H.-F. Thiéfaine, une des plus belles chansons françaises, selon moi. Pour le troisième, La Foule, chantée par Edith Piaf. Je ne suis pas si fermée, tout compte fait.

De quelle manière travailles-tu, quelles sont tes habitudes, tes petites manies ?
Je ne vis malheureusement pas de mes romans. J’ai bon espoir, cela dit, que cela arrive un jour. Entre-temps, je partage l’année entre le métier qui me fait vivre (je suis documentaliste pour la télévision) et l’écriture. Dans la mesure du possible, je consacre quelques mois dans l’année à mes romans. Alors, j’écris entre six et huit heures par jour, en m’astreignant à des horaires de bureau. La discipline est primordiale. On peut avoir du talent, mais sans discipline, il n’en ressortira rien. Je ne sais pas si j’ai le talent, mais il est certain que j’ai la discipline.

Que penses-tu des auteurs indés et comment vois-tu l’avenir du courant indé en littérature ?
Je vois d’un bon œil la facilité dont vont de plus en plus bénéficier les auteurs indépendants, grâce à l’édition numérique. Ce sera à mon avis bénéfique pour les petits éditeurs, ainsi que pour les auteurs n’ayant pas trouvé d’éditeur. J’espère qu’en matière d’édition Internet remplira l’une de ses ambitions premières, celle de créer un espace infini de libertés. Mais la liberté et la facilité d’expression entraînent malheureusement une cacophonie dont les véritables auteurs devront s’extraire pour être crédibles. Quand tout le monde parle, on n’a plus envie d’écouter personne. Il faut éclairer ceux qui ont vraiment des choses à dire.

Quels sont tes projets ?
J’ai actuellement deux projets de roman en tête. Le premier sur la famille, sujet maintes fois abordé et pourtant fascinant et inépuisable. Je voudrais plus précisément aborder la question du point de vue. Le second serait, mais c’est encore très flou, une fresque familiale qui se déroulerait en Guadeloupe.

Que lis-tu en ce moment ?
Notre-Dame du Nil, de Scholastique Mukasonga. Son écriture, limpide et tranchante, rend compte sans artifice des horreurs subies au Rwanda. Elle a la fêlure et la force de ceux qui ont écrit la guerre.

Pour en connaître davantage sur les œuvres de Jennifer Richard, consultez sa page auteur.

22 mars 2013

Gilbert Gallerne : la publication indépendante au secours des œuvres épuisées


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Gilbert Gallerne est auteur et scénariste. Il est publié professionnellement depuis l'âge de 18 ans, sous divers pseudonymes (dont Gilles Bergal et Milan), et compte aujourd'hui plus d'une vingtaine de titres à son actif.
Il s'est distingué chez des éditeurs tels que Fleuve noir, Flammarion, Belfond, Baleine. Cependant, cet écrivain reconnu a récemment décidé de se publier en auteur indépendant et nous explique son choix en précisant qu'il n'est pas seul dans ce cas.
Dans un entretien passionnant, au cours duquel il analyse parfaitement le système en place, il nous fait partager son expérience de la publication en indé.

Vous avez obtenu le prix du Quai des Orfèvres en 2010 pour Au pays des ombres. Mais avant de vous adonner au polar, vous vous êtes illustré durant plusieurs années dans le fantastique. Qu’est-ce qui a motivé ce changement de genre, et est-il définitif ?
Le changement a été motivé par une envie d’essayer quelque chose de plus difficile : quand on écrit du fantastique, il est relativement aisé de créer un suspense et d’effrayer le lecteur qui est venu pour ça et qui partage toute une mythologie. On écrit « vampire », et chacun se demande où il a bien pu ranger ce fichu crucifix qu’on lui a donné à sa première communion… Mais effrayer le lecteur et le tenir en haleine avec des moyens « naturels » me paraissait plus difficile, c’était un défi. C’est pour ça que beaucoup d’auteurs de prétendus « polars » se contentent de pondre des histoires de serial killer l’une après l’autre : c’est devenu le croque-mitaine moderne, le prédateur du XXIe siècle. Réécrire cent fois la même histoire ne m’intéresse pas : si vous prenez mes thrillers policiers, vous trouverez une intrigue et des personnages différents à chaque fois. Et cela me donne totalement satisfaction. Cela dit, si je croise une bonne idée de roman fantastique, je n’hésiterai pas une seconde.

Vous affichez au compteur 15 romans, 4 recueils de nouvelles, 5 documents et essais, 7 traductions et 3 participations à des collectifs, tous publiés chez des éditeurs traditionnels. Cependant, depuis quelque temps vous publiez vos romans en auteur indépendant. Qu’est-ce qui vous a conduit à l’indépendance ?
L’indépendance est toute relative : j’ai encore quelques romans qui sont gérés par des éditeurs traditionnels, dont mon dernier, Les Salauds du lac, qui est une aventure du Poulpe, publié par Baleine, fin 2012. Je dirais donc que je joue sur les deux tableaux : j’ai recours aux services d’un éditeur lorsqu’il peut m’apporter un plus, comme c’est le cas en matière de diffusion pour un ouvrage papier, mais je préfère gérer moi-même lorsque l’éditeur ne m’apporte aucune valeur ajoutée, et c’est exactement le cas du numérique à l’heure actuelle.

Quels avantages voyez-vous à publier vos livres de façon indépendante, comparativement à une publication par un éditeur traditionnel ?
Comme je viens de le dire, pour le papier, l’éditeur traditionnel garde encore une longueur d’avance, du fait du réseau de distribution. En revanche, en matière de numérique, les avantages penchent nettement en faveur de l’indépendance. Déjà, l’auteur peut décider du prix de vente du livre. Or on sait que les éditeurs traditionnels ont une politique tarifaire délirante, qu’ils prétendent même qu’un livre numérique revient plus cher à « fabriquer » qu’un livre papier… Ce qu’ils veulent surtout, c’est protéger leurs collections de poche. Et donc ils fixent des prix pour le numérique qui sont ridicules : on a même vu des livres numériques plus cher que l’édition papier grand format ! Je pense quant à moi qu’un bon prix pour un livre numérique est un prix qui prend en compte l’aspect éphémère et dématérialisé de « l’objet » ; en numérique, vous ne pouvez pas transmettre votre achat, c’est juste de la lecture. Quand on achète un livre papier neuf, on peut le revendre environ la moitié du prix d’achat, donc je considère que le prix de la lecture c’est cinquante pour cent du prix d’origine. Partant de là, le prix d’un e-book sortant en même temps que le grand format vendu 19 euros devrait être de l’ordre de 10 euros, et quand il s’agit d’une édition disponible en poche, on devrait tomber à quatre ou cinq euros. Ce qui explique que mes ouvrages sont en général proposés à 4,99 €. Je ne pense pas qu’il faille descendre trop bas : cinq euros est un prix raisonnable, j’estime que les auteurs qui bradent leurs livres à 99 centimes font une erreur et se tirent une balle dans le pied, en même temps qu’ils tirent dans le dos de leurs collègues. On ne gagne jamais rien sur le long terme en se dévaluant, en revanche, on fausse le marché en laissant croire à l’acheteur que le prix normal c’est 99 centimes. Or, si on veut conserver un certain aspect professionnel au métier d’écrivain, il faut que l’auteur d’un livre puisse en tirer un revenu suffisant pour rémunérer le temps passé à créer. Sinon on arrive à dévaluer le statut de l’auteur qui devient un dilettante dont l’activité première doit être autre. Tout le monde y perd : l’auteur, qui doit passer la semaine à bosser dans un domaine qui ne l’intéresse pas, simplement pour pouvoir manger, et le lecteur qui s’étonne soudain que son auteur préféré ne puisse pas sortir un roman aussi souvent qu’auparavant depuis qu’il doit cantonner ses séances d’écriture aux week-ends !
Donc, choisir son prix, c’est le premier avantage, mais encore faut-il en avoir conscience. Il y en a d’autres, comme par exemple le fait que choisir son prix de vente permette également de choisir la somme qui va vous revenir. Et d’en conserver l’intégralité. Il faut savoir que la plupart des éditeurs ne gèrent pas leurs livres numériques en direct mais passent par des officines spécialisées qui ponctionnent une part du prix de vente et que ce qui reste est ensuite partagé avec l’auteur, à qui on propose généralement un pourcentage ridicule, de l’ordre de 5 % sur le prix de vente hors taxe… À comparer avec les 70 % que vous pouvez obtenir d’Amazon lorsque vous travaillez en direct.
Un autre avantage est d’avoir la main en ce qui concerne la couverture. En général, je n’ai pas eu à me plaindre de celles que me « proposaient » les éditeurs papier, mais il faut bien voir qu’en matière d’édition traditionnelle si on vous demande votre avis sur la couverture, c’est juste pour vous entendre dire que c’est bien. Les rares fois où j’ai émis quelques doutes sur une illustration, on m’a gentiment fait comprendre que ce n’était pas mon domaine et qu’on savait ce qu’on faisait…

Quelles sont les inconvénients ?
Le gros inconvénient que mettent en avant les adversaires de l’édition indépendante, c’est l’absence d’édition, justement. Personne n’est là pour relire votre manuscrit ni vous guider. Mais il faut tempérer cet argument : d’abord, les conseils que vous prodiguent les éditeurs ne sont pas toujours à votre avantage. On sait que Faulkner et Lovecraft, par exemple, avaient subi des réécritures de la part de leurs « editors » ; je ne pense pas que les anonymes qui corrigeaient leurs œuvres étaient forcément mieux placés qu’eux pour juger. Sans aller jusqu’à me comparer à ces deux illustres modèles, mon exemple personnel est assez parlant : j’ai pour l’instant principalement publié en numérique des rééditions d’ouvrages publiés dans le passé et épuisés. Afin de profiter de ces corrections, je scanne le texte publié qui est donc censé avoir été lu, relu, corrigé et recorrigé par une foule de gens. Cela ne m’a pas empêché pour trois ou quatre de mes livres d’y découvrir des fautes élémentaires de grammaire qui m’avaient échappées à l’époque, mais qui surtout avaient reçu l’imprimatur ! Et il ne s’agissait pas de petits éditeurs mais de grandes maisons dont je tairai le nom, les gens responsables de cette « édition » de mes ouvrages n’étant plus en place aujourd’hui. Cette expérience m’a amené à relativiser sérieusement ce que l’on pouvait attendre de l’apport d’un éditeur.
Les autres inconvénients sont d’ordre logistique : éditer, c’est un métier, et l’auteur qui procède seul à l’édition de ses livres doit coiffer plusieurs casquettes qui vont de typographe à maquettiste et illustrateur le cas échéant. Personne ne peut prétendre avoir tous les talents, et il est alors judicieux de recourir à des aides extérieures.
Et enfin, il reste la question des SP : comment faire connaitre son livre si on ne peut pas envoyer de service de presse ? Dans le cas des auteurs qui, comme moi, ont déjà un lectorat, ce n’est pas vraiment un problème : les livres trouvent leur public. Mais j’avoue que pour l’auteur débutant cela doit être difficile.

Quelles difficultés rencontrez-vous, d’ordre technique ou autre ? Que pensez-vous des différentes plates-formes ?
La première difficulté, c’est le temps. Le scan ne fait pas tout, et il faut relire le texte à la recherche des coquilles, puis il faut le calibrer en fonction des spécifications de telle ou telle plate-forme, en suivant des indications en anglais. Pour moi l’anglais n’est pas un problème, mais je comprends que ce soit une barrière pour nombre d’auteurs français.
Cela dit, nous en sommes aux balbutiements de cette nouvelle technologie, et on commence à voir apparaître en France des offres d’« intégrateurs » du type Smashwords, ces offres vont se multiplier, et d’ici deux ans on trouvera trois ou quatre grandes maisons capables de gérer les titres français.
Les différentes plates-formes, du moins celles que je pratique, ont toutes leurs particularités, mais une fois que l’on a compris leur fonctionnement c’est assez simple et rapide. La plus facile à aborder est certainement Amazon KDP, d’abord parce qu’elle est en français. Ensuite, elle est très aisée à manipuler : les pages sont claires, le produit fini apparaît rapidement en ligne, et les restitutions sont le grand plus de ce support. Vous pouvez suivre vos ventes au jour le jour, presque heure par heure, et votre positionnement dans les « charts ». Donc, pour un auteur qui veut s’aventurer dans le royaume du numérique, Amazon KDP est la porte d’entrée évidente.
Ensuite, je bascule mes titres sur Smashwords, qui est un intermédiaire : vous formatez votre texte selon leurs indications, et ils le proposent à tous les diffuseurs (Amazon, Apple, Barnes & Nobles…). Là, les difficultés commencent. Le site est en anglais, et si l’on souhaite être diffusé sur toutes les places, il faut que le livre numérique obtienne la certification « premium », ce qui n’est possible que si le manuscrit est irréprochable (pas de double espace, pas de changement d’alignement des paragraphes en cours de texte, etc.). Et lorsque votre texte n’est pas parfait, vous obtenez juste un message d’erreur, et vous pouvez chercher une heure avant de comprendre que c’est simplement une histoire de taquet mal positionné. Mais bon, une fois passé ce cap, votre livre est en vente sur toutes les plates-formes que couvre Smashwords.
Après quoi, lorsque mon manuscrit a passé avec succès l’examen de Smashwords, je le bascule sur Kobo, ce qui s’avère un jeu d’enfant.
Alors, pourquoi ces trois plates-formes, lorsque l’on sait que Smashwords est un intermédiaire qui propose également de vous diffuser sur Kindle et Kobo ? Tout simplement pour une question de rentabilité : Smashwords prend un pourcentage (raisonnable, mais cela reste un pourcentage) au passage, et j’estime que je peux traiter directement avec Kindle et Kobo (qui diffuse notamment auprès de la Fnac) et donc améliorer la rentabilité globale pour un investissement en temps qui peut paraître important à l’origine mais comptera peu au fil des ans.

Proposez-vous vos livres exclusivement en numérique ou également sur papier ? Comment cela se passe-t-il ?
Pour l’instant, ils sont proposés uniquement en numérique. Mais je commence à regarder sérieusement les possibilités de publication à la demande. Je vais sans doute y venir courant 2013. Il y a une certaine demande des lecteurs, notamment pour les inédits que l’on ne peut donc pas trouver en occasion.

Avez-vous une idée du regard que portent les professionnels du livre – éditeurs, auteurs, libraires, critiques, journalistes – sur les  auteurs indépendants ? Et les lecteurs, qu’en pensent-ils ?
Peut-être faudrait-il définir ce que l’on entend par « auteur indépendant » ? Je pense qu’il y a deux cas de figure : les auteurs qui ont un passé dans l’édition papier, et puis tous ceux qui arrivent aujourd’hui parce qu’ils sont jeunes, ou bien plus âgés mais rejetés par les éditeurs traditionnels jusque-là. Et je pense que la cassure se produit à cet endroit : il y a d’un côté les « vrais » auteurs, et de l’autre ceux que Robert Laffont, dans son autobiographie, appelait les « would-be writers » (« ceux qui voudraient être écrivains ») ; autrefois, ces derniers devaient persévérer, progresser dans leur coin, envoyer leurs manuscrits, se remettre à l’ouvrage, pour finir soit par trouver un éditeur, soit par abandonner, soit par tomber dans le piège du compte d’auteur, soit par recourir à l’autoédition. Très peu arrivaient à ce dernier stade, à cause du coût et de la difficulté à vendre les deux mille exemplaires qui moisissaient au sous-sol. Aujourd’hui, tout le monde peut publier un ebook, et cela ne coûte rien. Le plus fainéant des auteurs peut mettre en ligne son manuscrit sur Amazon KDP en moins de dix minutes. On comprend que certains fassent la grimace lorsqu’on leur parle d’auteurs indépendants.
À l’autre extrémité, vous avez les auteurs confirmés, comme Brussolo qui sort maintenant directement en ebooks ses romans fantastiques, faute de débouché auprès des éditeurs papier. Quand quelqu’un de l’envergure de Brussolo en arrive à autopublier ses inédits, c’est que le monde de l’édition est en train de subir une mutation profonde.
Quant aux lecteurs, vous avez les irréductibles qui jurent que jamais ils ne liront un texte sur un écran, ceux qui parlent du contact sensuel avec le papier, ce que je comprends parfaitement, mais il faut voir que les générations montantes sont plus habituées à tripoter un écran qu’un morceau de papier. C’est une évolution inéluctable, et les grognards qui refusent de le voir me font penser à ceux qui, dans les années cinquante, protestaient contre l’apparition du livre de poche sous prétexte que ce n’était pas un vrai livre, que la littérature avait besoin d’un grand format et d’être vendue cher sous peine d’être dévaluée… les mêmes arguments que l’on retrouve aujourd’hui face au numérique.

À votre avis, de quelle manière le courant indépendant, en littérature, pourra-t-il gagner ses lettres de noblesse ?
Pour gagner ses lettres de noblesse, il faudra qu’il propose des ouvrages de qualité. Le problème des indépendants, c’est que n’importe qui peut aujourd’hui publier n’importe quoi. Pour quelques exemples de belle réussite, on a surtout un gros paquet d’autoédition d’ouvrages qui n’auraient jamais vu le jour s’ils avaient été soumis à un véritable éditeur.
Il va falloir faire un tri dans tout cela, et je pense que cela passera par une prise de conscience des auteurs reconnus qui disposent de titres oubliés. Je pense notamment à tous ces auteurs du Fleuve Noir, à tous ces gens qui fournissaient les collections policières ou de science-fiction dans les années 1970 à 1990 et dont la plupart des ouvrages sont aujourd’hui introuvables. On commence à voir cela aux États-Unis, et dans une moindre mesure en France, où l’on a encore quelques années de retard, mais cela va venir. Que des gens comme Brussolo commencent à y venir est un très bon signe.

Comment voyez-vous l’évolution de ce mode de publication ?
Je pense que les auteurs confirmés dont je viens de parler vont bientôt se réveiller en réalisant qu’ils sont assis sur un trésor sans en avoir conscience. Lorsqu’ils comprendront qu’ils peuvent financer une partie de leur retraite en ressortant ces titres, on va voir déferler une vague d’auteurs confirmés. Cela commence à se produire aux USA, où les auteurs des pulps réapparaissent avec leurs titres épuisés et quelquefois des inédits. Bientôt, tous les titres épuisés seront à nouveau disponibles. De toute façon, les auteurs ont intérêt à ressortir leurs livres s’ils ne veulent pas les voir numérisés sauvagement dans le cadre de la loi sur la numérisation des « œuvres indisponibles » : ces mêmes éditeurs qui n’exploitent plus leurs livres auront le droit d’encaisser les royalties du numérique en leur nom et de leur jeter quelques miettes ; cela vaut peut-être la peine de se pencher sur la question. Les auteurs ont la chance aujourd’hui de pouvoir prendre leur vie en main, il serait dommage qu’ils n’en profitent pas.
Et puis bien sûr, il y a quelques success-stories comme celle de Barbara Freethy qui vont commencer à faire réfléchir les autres : cet auteur américain qui ne parvenait pas à faire rééditer ses anciens titres a décidé de les mettre elle-même en ligne. Elle est à plus de deux millions d’exemplaires vendus, et tous ses nouveaux titres sortent directement en numérique. Quand on verra des gens comme cela remporter de grands succès, les opinions évolueront. On commence d’ailleurs à voir de plus en plus d’auteurs à succès qui se réservent les droits numériques (le cas de JK Rowling me vient à l’esprit).

Pouvez-vous nous présenter le dernier roman que vous proposez en auteur indépendant ?
J’ai mis en ligne en 2012 sur Amazon KDP un roman inédit intitulé Liés par le sang. C’est l’histoire d’un jeune couple, Éric et Élise ; ils sont au chômage tous les deux, en fin de droit, il est handicapé, elle est enceinte, ils n’ont d’autre solution que de demander l’asile à la famille d’Éric qui l’a rejeté lorsqu’il avait cinq ans. Ils arrivent donc dans une scierie au bord de la faillite, au plus profond des Vosges. L’accueil est plutôt froid, mais Éric ne pense qu’à une chose : gagner l’amour de sa mère et de ses frères, s’intégrer dans cette famille qui lui a tant manqué. Élise voit la situation un peu différemment. Les frères lui font peur, et elle ne pense qu’à une chose : partir au plus vite. Quand elle parvient enfin à convaincre Éric, il est trop tard : ses frères l’ont entraîné trop loin, et il n’a plus d’autre choix que de les suivre.
Pour l’instant il n’est disponible que sur Kindle, mais je vais bientôt le proposer sur les autres plates-formes. Ce roman marche très bien, et les notes qu’il a récoltées sur Amazon sont des cinq-étoiles… Pas mal pour un livre publié « sans éditeur ».

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