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2 janvier 2013

Entretiens croisés entre Chris Simon et Laurent Bettoni [2] : les inconvénients de l'autoédition



© Louise_Imagine, © Laurent Bettoni

Avec Chris Simon (La Couleur de l'oeil de DieuLe Baiser de la moucheMa mère est une fiction), nous nous sommes livrés à un entretien questions-réponses sur le livre numérique et sur l'autopublication, dont on s'acharne, en France, en dépit des efforts de certains et du mouvement en marche, à parler encore trop peu et surtout trop mal.

Les 6 questions que nous nous sommes posées (la liste n'est pas exhaustive) sont les suivantes :

1/ Quelles sont les raisons qui t'ont conduit(e) à l'autopublication en numérique ?
2/ Quels sont les inconvénients de l'autopublication en numérique ?
3/ Que penses-tu de la rivalité papier/numérique ?
4/ En quoi le numérique peut-il démocratiser la lecture ?
5/ En quoi le numérique peut-il démocratiser l'écriture ?
6/ En quoi le statut de l'auteur "numérique" diffère-t-il ou ne diffère-t-il pas de celui de l'auteur "papier" ?

Ces entretiens croisés seront publiés en alternance sur le blog de Chris Simon, Le baiser de la mouche, et sur Écran total. "Croisé" signifie que nous avons établi un véritable cross-over entre nos deux blogs ; les questions 1, 3 et 5 seront traitées sur Le baiser de la mouche, les questions 2, 4 et 6 sur Écran total.

Ces entretiens se veulent participatifs, interactifs, communicatifs, et tout commentaire, toute réaction, tout débat sont les bienvenus.

À très bientôt, donc, j'espère, pour cet échange d'idées…


Quels sont les inconvénients de l'autopublication en numérique ?

Chris Simon. Aprés deux ebooks auto-publiés et un troisième chez Publie.net, je n’en vois plus vraiment. En tant que lectrice cela me permet depuis longtemps de lire en anglais et en français à moindre frais. Je connais des auteurs qui sont publiés papier chez des éditeurs. Ils ne gagnent pas plus d’argent que moi, et franchement ils n’ont pas plus de reconnaissance. Je veux dire par là qu’un premier livre reste un premier livre et que pour beaucoup d’auteurs se constituer un lectorat prend plusieurs livres, parfois toute une vie. Witold Gombrowicz ne disait-il pas : “Il y a un art pour lequel on est payé et un autre pour lequel on paie. On paie avec sa santé, ses commodités et caetera et caetera”

Laurent Bettoni. J’en vois deux, majeurs : le manque de crédibilité et l’absence de visibilité.
Les auteurs indépendants sont considérés comme des sous-auteurs qui produisent de la sous-littérature pour des sous-lecteurs. C’est parfois vrai. Comme ça l’est parfois aussi pour des livres édités par de « vrais » éditeurs et écrits par de « vrais » auteurs. Alors pour quelle raison considère-t-on aussi mal les auteurs indépendants ? Disons qu’un ministre de la Culture clamant haut et fort devant les éditeurs du SNE que c’est l’éditeur qui fait la littérature tire une balle dans la nuque aux indés.  Pourtant, quand on mesure ce que le courant indé a apporté au cinema et à la musique, il n’y a pas de quoi le mettre plus bas que terre.
Le manque de visibilité découle de ce qui précède. Les journalistes, les critiques et les blogueurs se pincent le nez devant les manuscrits que les indés leur envoient. Cela peut se comprendre – sans pour autant s’excuser – de la part des professionnels, car il y a presque toujours conflits d’intérêts entre eux et les grandes maisons d’édition. C’est moins compréhensible de la part des blogueurs, qui font preuve d’un manque de curiosité et d’un conformisme hallucinants.
Il y a déjà eu des papiers, dans la presse, sur l’autoédition – et j’ai eu la chance d’en être, donc je ne crache pas dessus –, j’ai même été interviewé par Canal (le reportage a malheureusement été déprogrammé), mais c’était toujours axé sur le phénomène de l’autopublication, sur ses pionniers en France, sur ces aventuriers de l’édition sauvage. La seule chose qui intéressait, c’était l’ampleur du mouvement et les chiffres de vente, jamais la qualité ou la médicorité des livres. C’est dommage.
Le problème principal de l’autoédition, tu le soulignais dans un excellent article, Chris, c’est qu’il n’existe pas encore d’infrastructure pour mettre en valeur les textes indé de qualité.

Chris Simon. Oui, c’est vrai. Mais j’ai le sentiment que c’est en train doucement de se mettre en place. Et surtout les indés prennent conscience du problème et commencent à proposer des réponses intéressantes.

Accédez à la question 1 dès à présent et à la question 3 dès demain sur Le baiser de la mouche.


BIBLIOGRAPHIES
Chris Simon
Et pour en savoir plus sur Chris, c'est ici.

Laurent Bettoni






8 commentaires:

  1. Bonjour, me voici basculé sur l'écran total :o)
    Il y a peu d'inconvénients, aujourd'hui, un auteur auto-édité vend plus facilement ses livres sous forme numérique que papier.
    Le côté magique de l'ebook est qu'il permet à tout auteur d'être lu depuis n'importe quel point du globe, chose impensable avec l'édition papier.
    Il y a évidemment un peu de technicité à acquérir pour la création de l'ebook, mais on prend vite la main.
    Côté promotion, il existe le même problème que pour l'auto-édition papier.
    Comment présenter son livre dans la presse, sur une radio ou chaîne TV régionale, voire nationale (rêvons) ?
    Les portes semblent fermées, connaître les bonnes personnes est un plus.
    Il reste les salons du livre...
    Cela dit, un bon bouche-à-oreille, un prix serré et un ebook peut décoller.

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  2. Bonjour,

    Bienvenue sur Écran total.
    Il faudrait qu'un journaliste ou un critique montre l'exemple, et les autres suivront. Et il faudrait aussi que les plates-formes d'autoédition valorisent elles-mêmes leurs auteurs indés bien plus qu'elles ne le font actuellement.
    Ça aiderait bien :-)

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  3. jmebook
    Côté Amazon, il y a un point à améliorer.
    Sur la page d'accueil Ebooks Kindle, Amazon propose de découvrir les "Ebooks à petits prix", à moins de 2€, 3€, 5€...
    Or, ces rubriques ne présentent qu'une sélection d'ebooks.
    Là où un auteur auto-édité peut sortir du lot avec un tarif serré ne peut profiter de la visibilité de ces rubriques "petits prix".
    J'invite les auteurs concernés à contacter Amazon pour faire changer cela :o) On peut rêver !

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  4. Tout à fait d'accord, j'ai souvent remonté cette info à Amazon, sans succès. Il en est de même pour la journée "gratuite", dont bénéficient certains auteurs… et pas d'autres. Quels sont les critères ? Mystère.

    Une bonne chose, peut-être, toutes plates-formes confondues, serait la création d'une catégorie "Auteurs indépendants". Cela diviserait peut-être les auteurs en "vrais auteurs", ceux qui sont publiés chez des éditeurs, et "faux auteurs" qui s'éditent seuls. Mais en musique, il existe une catégorie indé, dans laquelle on trouve tout ce qui se fait de mieux. Pourquoi pas en littérature ?

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  5. Au sujet de la journée gratuite, cela existe via le programme KDP Select.
    Celui-ci impose de vendre son ebook uniquement sur Amazon.
    Une fois inscrit, on a le droit de proposer 5 jours de gratuité sur 90 jours.
    Vous le saviez certainement :o)
    Là aussi, le gros défaut de ce programme est qu'une fois l'ebook gratuit, Amazon ne fait rien pour le mettre en avant.
    Suite à une recherche d'ebooks gratuits, Amazon présente les gratuits temporaires mélangés aux gratuits permanents, d'où une visibilité nulle.

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  6. En effet, je connais le programme KDP Select, qui impose en plus l'exclusivité. Donc très restrictif.
    Je crois que les auteurs indé deviendront visibles le jour où tout le monde voudra vraiment que ça marche.
    Y compris et surtout les plates-formes sur lesquelles on les trouve.

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  7. Je suis en train de tester le programme KDP avec un de mes ebooks : La couleur de l'oeil de Dieu. je vous dirai ce que ça vaut dans trois mois. Je crois que si on a plusieurs ebooks, cela vaut peut–être le coup d'en avoir un dans ce programme, juste pour voir si amazon privilégie les ebooks KDP. Aussi cela me permet sur Amazon.com (us) ou ce ebook marche pas mal (20 a 40 téléchargements/semaine) d'être emprunté gratuitement pour les lecteurs et donc me faire gagner de l'argent sur ces emprunts.

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  8. Amazon m'avait proposé de participer à ce programme, mais je suis réservé pour l'instant. Ton expérience sera intéressante, Chris :-)

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