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20 janvier 2013

Thématique Lunatique : une maison d'édition qui a de la classe pour des auteurs qui ont du style [1]



© éditions Lunatique
J’ai découvert les toutes jeunes éditions Lunatique (2 ans d’existence le 15 février 2013) en juillet 2012, par hasard, en surfant sur Facebook. Gloire à toi, Ô, dieu du hasard et du Net ! La page d’accueil de leur site annonçait : « Les petites musiques qui émaneront de Lunatique ne s’accorderont jamais au son des études de marché. […] Nous nous employons à mettre en valeur ici les écrits qui ne trouvent pas leur place ailleurs. […] Lunatique est avant tout une bande, une raïa de talents divers, contraints ailleurs, cultivés chez nous. »
O.K., encore des qui se la pètent, ai-je aussitôt pensé. Encore des qui se la racontent « éditeurs indé underground pour auteurs bobos parigo-branchouilles ». Alors je suis allé voir, j’ai voulu me rendre compte de la énième supercherie en la matière. Je suis allé voir, ouais. Et n’en suis pas revenu. Amoureux foudroyé, que je suis tombé. « Raide love » comme une midinette devant un mec « trop beau ». Depuis, je ne les lâche plus, je leur colle aux basques, à ceux de chez Lunatique, à guetter comme un vrai lourdingue leurs nouvelles parutions.
Je leur ai fait croire que le seul moyen de se débarrasser de moi était de m’accorder cet entretien en 6 questions. Ils ont accepté. Ce qu’ils ignorent, c’est que ça ne fait en vérité que préfigurer une longue, très longue, série d’interviews. D’eux, les éditeurs, mais aussi des autres, leurs auteurs. Et ce n’est pas tout, je parlerai de leurs livres aussi. Au fond, c’est ce qui restera après nous, les écrits, non ?
Ainsi s’ouvre la thématique Lunatique, avec le tour de la maison (en plusieurs étapes) par les deux propriétaires, Pascale Goze et Jean-François Dalle.


Quand avez-vous créé les éditions Lunatique ? Qui sont-elles, qui en sont les deux fondateurs, qui fait quoi ?

© éditions Lunatique
Jean-François Dalle. Ça pourrait très bien commencer comme ça, en fauchant ce titre, Le Hasard et la Nécessité. Je ne pense à rien. Je suis même sûrement abruti devant la télé. Nous sommes le 31 décembre 2010. Venue de nulle part, l’idée que Pascale devienne éditrice éclate littéralement comme une évidence et se répand rapidement. Vlam ! Puis Flooooac ! Auparavant, Pascale avait créé un site de correctrice qui peinait à drainer des clients. Je lui propose mes dollars pour le capital de départ. Oui, dès cet instant, je sais que c’est une bonne révélation. J’en suis certain pour deux raisons.
La première est que je n’ai pas eu cette idée. Elle m’a été offerte. Nuance. Une question d’instance supranaturelle (Rappelez-vous le Vlam !). Ça venait de « très haut » cette histoire-là…
La seconde est que Pascale est taillée pour. Elle est cultivée, multidiplômée, culottée et possède un goût sûr (entre autres bons choix, elle m’a choisi, par exemple). La future p-dg pose déjà ses conditions (oui, vous l’aurez compris, c’est une femme aussi). « Si tu le fais avec moi, dacodac ! » Moi, comme je ne fais rien dans la vie, je dis oui. J’ai dû rougir. Éditeur... « Jeanfrançoisdalléditeur ! » Bon, passons...
Là, on commence à s’exciter sérieux. Les éditions quoi ? Commence un brain storming d’enfer. Chaque fois qu’on trouve un truc bien, le méchant Google nous apprend que c’est déjà pris (essayez, vous verrez). On aimait éditions Insomniaque. Eh bah, c’était pris ! Lunatique, que j’dis soudain ! On consulte... Anxieux... la peur bien vissée... Maintenant, n’est-ce-pas, on est devenus un peu parano, à force... Faut nous comprendre aussi... Toutes ces désillusions interneteuses. Il y a bien un rappeur qui s’appelle Lunatique. Ou DG Lunatik. Ouf, ça va, ça on s’en tape ! Éditions Lunatiques, c’est dit ! Tope là ! Mais Lunatiques ou Lunatique ? Pascale opte pour le singulier. Rien contre le singulier ? Tout le contraire ! Allez, on opte de conserve ! Minuit, le 31 décembre 2010, venues de nulle part, les éditions Lunatique sont nées. Je préfère dire sous une bonne étoile que sous de bons « hospices ». Un truc aussi peu prémédité ne peut que marcher. C’est aussi fatal qu’une destinée. On ne coupera pas au succès. Condamnés dès le début à la réussite. Appelez ça providence.

Bon, mais c’est pas si simple. Un capital, du goût et de la sueur, ça ne fait pas encore une « maison d’édition ». Tout est laborieux. Des statuts... Un K-bis ? Une facture proforma ? C’est un monde de dingues. Les contrats dans les règles, l’ego des auteurs, les sous qui filent chez l’imprimeur et qui ne reviennent pas assez. Oh, c’est vrai, pas besoin de diplôme pour se prétendre éditeur, mais attention, c’est très casse-gueule. Des dix-sept heures par jour, des fois, pour la vaillante p-dg. Moi, c’est plus tranquille : maquettes de couv. et lecture des manuscrits. Comme Lunatique est bicéphale, il faut que nous soyons d’accord. Deux voix, sinon rien. Beaucoup de merdouilles reçues. Mais que de satisfaction quand nous trouvons. Pour être complet sans être exhaustif, parlons des libraires qui payent avec des élastiques à retardement. Ceux-là sont une vraie plaie pour des maisons comme la nôtre.
Pascale fait tout ce que je fais pas, c’est-à-dire à peu près tout. Chapeau, l’« éditueuse » !

© éditions Lunatique
Pascale Goze. Les Éditions Lunatique sont nées par une froide journée de février 2011. Enfin, je ne me souviens plus s’il faisait vraiment froid, ce jour-là. J’avais des préoccupations plus importantes pour m’attarder sur ce genre de détail. Peut-être le regretterai-je un jour. Quoi qu’il en soit, l’idée prédominante était de concevoir de beaux objets. Nous avons passé du temps à choisir les papiers pour la couverture et le corpus. C’était primordial pour nous de nous démarquer par le soin apporté à la conception. Du coup, entre l’acceptation d’un manuscrit et la réception des cartons en provenance de chez l’imprimeur, il peut s’en passer, du temps ! Surtout que nous ne sommes que deux pour tout faire : choix des textes, corrections, couvertures, maquettes pour ce qui est du travail en amont ; promotion (contacts presse, librairies ou médiathèques, inscription à des prix ou des salons) en aval. De plus, nous ne faisons rien sans en informer les auteurs, et attendons la même chose en retour. Autrement dit, nous souhaitons travailler en confiance, pour le confort de tous, auteurs comme nous-mêmes.
Le dialogue est toujours ouvert, du moins de mon côté, puisque je réponds abondamment aux questions qui peuvent tracasser certains. Cela me paraît la moindre des politesses, même si ce « moindre » est beaucoup en termes de temps. Cette disponibilité est un plus que les auteurs apprécient généralement, surtout quand ils font leurs premiers pas dans le monde de l’édition. Nous offrons donc un accompagnement et une écoute qu’ils ne trouveraient pas partout. Enfin, j’imagine. Mais foin de comparaisons, je fais le travail qui me semble devoir être fait. Pas plus (et certainement pas moins).
Quant à la répartition des tâches, disons que Jean-François, en plus de supporter la lourde charge des couvertures, s’occupe de relancer les mauvais payeurs – activité ô combien pénible. Je m’occupe du reste.

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