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Sur son blog, Le baiser de la mouche, Chris Simon
propose une rubrique qui s’appelle « Pourquoi en numérique ? ».
Dans cet espace d’expression, elle propose aux auteurs édités en numérique d’expliquer
leurs choix pour un tel support de publication et de lecture. Elle met à leur
disposition un panel de 20 questions. Ils doivent en sélectionner 5 et y
répondre.
Auteur elle-même, Chris a accepté, non sans humour,
que je la soumette à son tour à son propre questionnaire; un genre d’arroseur
arrosé littéraire.
Elle a donc sélectionné ses cinq questions et nous
donne ses réponses.
1.
Quelle est ton expérience dans l’édition avant le numérique ?
Je publie des textes courts depuis 10 ans dans des
revues et sur la Toile. Alors en 2009, dès mon arrivée en France, j’ai eu envie
de passer à l’étape édition et j’ai écrit Le
Baiser de la mouche. En 2010, Je l’ai envoyé à 23 maisons d’édition,
quelques grandes et surtout des petites ou des moyennes. J’ai reçu des
encouragements et des « les nouvelles ne se vendent pas en France ».
Au final, une seule m’a répondu favorablement (j’ai quitté cette maison en
2012).
Les éditeurs ont raison sur un point, les nouvelles
ne se vendent pas. J’ai autopublié deux recueils de nouvelles en numérique (de
2011 à 2012), et si j’ai quelques retours de lecteurs vivement enthousiastes,
mes recueils se vendent en petit nombre. Mais je rassure ces lecteurs, je
continuerai ! Le numérique me le permet.
Il n’y a pas de culture de la nouvelle en France. Le xxe siècle littéraire
français a produit de grands poètes et de grands romanciers, mais pas de
nouvellistes dont la reputation internationale soit comparable à celle de l’Argentin
Jorge Luis Borges, la Canadienne Alice Munro, l’Irlandais William Trevor ou
encore les Américains Eudora Welty ou Raymond Carver. Je ne blâme donc pas les
éditeurs, ils dirigent des entreprises et doivent gagner de l’argent.
En France, un auteur de fiction doit écrire des
romans s’il veut se donner une chance d’être lu par le plus grand nombre. En
août 2012, j’ai franchi le pas. J’ai soumis à publie.net un court roman, Ma mère est une fiction. Il me semblait
que mon texte entrait complètement dans l’esprit et la nouvelle collection « Ouvrez ! »
de cette cooperative d’auteurs. Publie.net l’a publié. J’étais ravie et j’ai pris
conscience que l’auteur en moi avait mûri.
2.
Pourquoi le numérique ?
Quand une nouvelle possibilité s’offre à toi, ce
serait faire preuve d’imbicillité que de ne pas en explorer le potentiel.
Je lis en numérique, je lisais et j’écrivais sur
ordinateur avant l’arrivée des liseuses. Je continue d’écrire sur ordi et je
lis principalement sur ma liseuse. C’est une évolution logique dès lors que
l’on écrit et publie sur la Toile, on ne voit pas la différence entre un livre
en papier et un livre numérique. Le support ne fait pas le livre, l’auteur et
le lecteur font le livre.
Je me suis lancée dans ma première autopublication
grâce à une rencontre. On ne fuit pas devant la nouveauté. Au contraire, on s’y
jette. L’édition est un business, l’écriture n’en est pas un. Comme beaucoup
d’auteurs, j’ai fait des tas de métiers ou de boulots pour payer les factures
tout en continuant à écrire chaque jour. Je pressens que le numérique pourrait
me permettre de gagner ma vie... Je connais des auteurs aujourd’hui qui vendent
suffisemment d’ebooks pour payer leurs factures. Le numérique change la
répartition des rétributions sur un livre commercialisé. Par exemple, en autopublication,
30 % du prix du livre vont à la plate-forme et les 70 % restants à l’auteur.
Il y a donc ici un espoir concret.
Bref, le lecteur paie moins et l’auteur gagne plus !
3.
Comment as-tu défini le prix de ton ebook ? Les raisons ?
Je publie à un prix moins élevé que celui d’un livre
de poche, les lecteurs apprécient. Le barême sur Amazon étant 70 % de
revenus pour l’auteur à partir de 2,99 au lieu de 35 % sur un tarif
inférieur à 2,99, il est donc préférable de mettre ses livres à 2,99 minimum. Le
prix de 2,99 $ me paraît honnête pour le lecteur et me satisfait en
rapport au travail d’écriture que je fournis (je formate moi-même donc pas de
frais de ce côté-là). Je pratique le 2,99 dans tous les pays, ce qui veut dire
qu’en Europe ce sera aussi à 2,99 €. Pour les promotions, je propose un
prix de 0,99 $/€, et parfois la gratuité.
4.
Sur quelles plates-formes ton livre est-il distribué ?S’il y a des plates-formes
sur lesquelles ton livre/tes livres n’est pas/ne sont pas distribué(s),
donnes-en les raisons.
Le
Baiser de la mouche est
en vente sur Amazon Kindle, Kobo, KobobyFnac, iBookStore et Nookbook. Je viens
de mettre La Couleur de l’œil de Dieu dans
le programme KDP Select, j’étais curieuse d’essayer cette formule. Exclusivité
sur Amazon pendant trois mois, je l’ai donc retiré des autres plates-formes.
On verra ce que ça donne... L’ebook est régulièrement
gratuit sur Amazon.fr et empruntable gratuitement sur Amazon.com et .uk dans la
bibliothèque Amazon.
Ma
mère est une fiction est
aussi en vente sur toutes ces plates-formes, plus les plates-formes françaises
comme immateriel.fr, et bien sûr sur le site de l’éditeur publie.net. Je pourrais
mettre mes livres autopubliés sur immateriel.fr. Il suffit de se déclarer autoentrepreneur
et d’obtenir un numéro de Siret, mais pour l’instant, je n’en vois pas l’obligation
et je n’ai pas envie de compliquer mon statut juridique.
De nouvelles plates-formes de vente ou des librairies
sont en train de voir le jour en France, mais elles mettent un point d’honneur
à refuser les indés (l’auto-édition). Franchement, ce n’est pas un problem, car
Amazon, iBookStore et Kobo, qui domminent le marché, nous permettent de
publier ! ;-) À noter quand même YouScribe, plate-forme sur laquelle
j’avais mis La Couleur de de l’œil de Dieu
et qui m’a valu plus de 350 lectures d’extraits en 2011.
5.
Démarches-tu les blogs et les sites de lecture ?
Combien
de critiques as-tu obtenu sur tes livres ?
Oui, je demarche, et les nouvelles sont bonnes. Un
total de huit critiques sur deux ebooks dans les trois derniers mois, alors que
sur l’année 2011 seulement trois critiques pour La Couleur de de l’œil de Dieu. De plus en plus de blogueurs et
blogueuses lisent en numérique, et du contemporain d’indés ou de pure players. En deux ans, ça a beaucoup
évolué (voir sur mon blog Pourquoi en numérique ? rubrique dans laquelle les
blogueuses/eurs/lectrices/eurs sont invités).
Lire ces critiques sur mon site, elles sont
excellentes et donnent envie, j’espère, à d’autres lecteurs d’acheter et de
lire mes livres.
Il faut ajouter aux critiques les commentaires sur
les clubs de lecture et les plates-formes de ventes d’ebooks qui permettent un
bouche à oreille optimal.
Un réseau, mélange de commentaires, de blogging et de sites littéraires ouverts
aux ebooks et aux indés est en train d’émerger.
Mes livres sont lus, et par des lecteurs qui
expriment et partagent leurs expériences de lecture. Ça me donne l’envie et
l’énergie de continuer... J’écris en ce moment un deuxième roman !
Pour en savoir davantage sur Chris Simon
Auteure franco-américaine, Chris Simon
écrit en anglais, en français et en pyjama !
Elle a publié en numérique un roman, Ma mère est une fiction (chez Publie.net), et deux recueils de
nouvelles autopubliés, La Couleur de
l’œil Dieu et Le Baiser de la mouche.
Elle est membre du comité de lecture de la revue littéraire Rue Saint Ambroise et chroniqueuse pour le magazine californien GOINGmobo.
Blog de l’auteur : http://lebaiserdelamouche.wordpress.com
Site de l’auteur : http://ebookbychrisimon.webs.com
Chris Simon : bibliographie
Intéressant et instructif. Merci. Hélène Lola
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