En nous entraînant Dans le jardin de la bête,
document bien réel, fruit de plusieurs années d’enquête, Erik Larson nous emporte
presque dans un thriller de pure fiction.
Berlin, 1933. Alors que Hitler y va à
l’intox, qu’il aboie sans encore mordre et qu’il paraît plus risible que
dangereux, un homme comprend rapidement ce qui se trame. Cet homme, c’est
William E. Dodd, premier ambassadeur américain en Allemagne nazie, qui résiste
et lutte contre tous pour s’opposer à la montée en puissance du IIIe
Reich, avant qu’il ne soit trop tard. Il alerte la communauté internationale des
intentions belliqueuses du Führer, de sa folie, de sa violence bestiale, de ses
rêves mégalomanes de diriger le monde et de sa politique d’extermination des « sous-hommes ».
Il est encore temps d’intervenir, Hitler n’est rien et n’a rien que son culot.
Mais personne ne bouge. Pourquoi ? Plus inquiétant, on s’en prend à Dodd et
à sa fille – qui joue les Mata Hari pour les Russes –, on lui demande de se
taire, y compris ceux de son camp. Il ne cède ni à la pression ni aux menaces.
Au péril de sa vie, il se bat avec ses armes et son courage. Mais l’ennemi est
partout, et on ne peut se fier à personne.
Larson retranscrit à merveille
l’agacement, la frustration, l’écœurement et la résignation de Dodd, qui
assiste finalement, impuissant, à la préparation d’un cataclysme planétaire, en
cette nuit des Longs Couteaux – le 30 juin 1934 –, au cours de laquelle Hitler et
les SS s’approprient irréversiblement le pouvoir après avoir massacré leurs anciens
amis, les SA. Ensuite, l’humanité basculera dans l’horreur. Ce récit devrait
être déclaré d’utilité publique, car il permet d’apprendre du passé. Or
l’actualité montre sans cesse à quel point on oublie vite.
Dans le jardin de la bête, d’Erik Larson, traduit de l’anglais (États-Unis) par Édith Ochs, le cherche midi, 656 p., 21 €.
(Article paru dans Service littéraire en septembre 2012.)
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