Rechercher dans ce blog

22 mars 2013

Gilbert Gallerne : la publication indépendante au secours des œuvres épuisées


DR
Gilbert Gallerne est auteur et scénariste. Il est publié professionnellement depuis l'âge de 18 ans, sous divers pseudonymes (dont Gilles Bergal et Milan), et compte aujourd'hui plus d'une vingtaine de titres à son actif.
Il s'est distingué chez des éditeurs tels que Fleuve noir, Flammarion, Belfond, Baleine. Cependant, cet écrivain reconnu a récemment décidé de se publier en auteur indépendant et nous explique son choix en précisant qu'il n'est pas seul dans ce cas.
Dans un entretien passionnant, au cours duquel il analyse parfaitement le système en place, il nous fait partager son expérience de la publication en indé.

Vous avez obtenu le prix du Quai des Orfèvres en 2010 pour Au pays des ombres. Mais avant de vous adonner au polar, vous vous êtes illustré durant plusieurs années dans le fantastique. Qu’est-ce qui a motivé ce changement de genre, et est-il définitif ?
Le changement a été motivé par une envie d’essayer quelque chose de plus difficile : quand on écrit du fantastique, il est relativement aisé de créer un suspense et d’effrayer le lecteur qui est venu pour ça et qui partage toute une mythologie. On écrit « vampire », et chacun se demande où il a bien pu ranger ce fichu crucifix qu’on lui a donné à sa première communion… Mais effrayer le lecteur et le tenir en haleine avec des moyens « naturels » me paraissait plus difficile, c’était un défi. C’est pour ça que beaucoup d’auteurs de prétendus « polars » se contentent de pondre des histoires de serial killer l’une après l’autre : c’est devenu le croque-mitaine moderne, le prédateur du XXIe siècle. Réécrire cent fois la même histoire ne m’intéresse pas : si vous prenez mes thrillers policiers, vous trouverez une intrigue et des personnages différents à chaque fois. Et cela me donne totalement satisfaction. Cela dit, si je croise une bonne idée de roman fantastique, je n’hésiterai pas une seconde.

Vous affichez au compteur 15 romans, 4 recueils de nouvelles, 5 documents et essais, 7 traductions et 3 participations à des collectifs, tous publiés chez des éditeurs traditionnels. Cependant, depuis quelque temps vous publiez vos romans en auteur indépendant. Qu’est-ce qui vous a conduit à l’indépendance ?
L’indépendance est toute relative : j’ai encore quelques romans qui sont gérés par des éditeurs traditionnels, dont mon dernier, Les Salauds du lac, qui est une aventure du Poulpe, publié par Baleine, fin 2012. Je dirais donc que je joue sur les deux tableaux : j’ai recours aux services d’un éditeur lorsqu’il peut m’apporter un plus, comme c’est le cas en matière de diffusion pour un ouvrage papier, mais je préfère gérer moi-même lorsque l’éditeur ne m’apporte aucune valeur ajoutée, et c’est exactement le cas du numérique à l’heure actuelle.

Quels avantages voyez-vous à publier vos livres de façon indépendante, comparativement à une publication par un éditeur traditionnel ?
Comme je viens de le dire, pour le papier, l’éditeur traditionnel garde encore une longueur d’avance, du fait du réseau de distribution. En revanche, en matière de numérique, les avantages penchent nettement en faveur de l’indépendance. Déjà, l’auteur peut décider du prix de vente du livre. Or on sait que les éditeurs traditionnels ont une politique tarifaire délirante, qu’ils prétendent même qu’un livre numérique revient plus cher à « fabriquer » qu’un livre papier… Ce qu’ils veulent surtout, c’est protéger leurs collections de poche. Et donc ils fixent des prix pour le numérique qui sont ridicules : on a même vu des livres numériques plus cher que l’édition papier grand format ! Je pense quant à moi qu’un bon prix pour un livre numérique est un prix qui prend en compte l’aspect éphémère et dématérialisé de « l’objet » ; en numérique, vous ne pouvez pas transmettre votre achat, c’est juste de la lecture. Quand on achète un livre papier neuf, on peut le revendre environ la moitié du prix d’achat, donc je considère que le prix de la lecture c’est cinquante pour cent du prix d’origine. Partant de là, le prix d’un e-book sortant en même temps que le grand format vendu 19 euros devrait être de l’ordre de 10 euros, et quand il s’agit d’une édition disponible en poche, on devrait tomber à quatre ou cinq euros. Ce qui explique que mes ouvrages sont en général proposés à 4,99 €. Je ne pense pas qu’il faille descendre trop bas : cinq euros est un prix raisonnable, j’estime que les auteurs qui bradent leurs livres à 99 centimes font une erreur et se tirent une balle dans le pied, en même temps qu’ils tirent dans le dos de leurs collègues. On ne gagne jamais rien sur le long terme en se dévaluant, en revanche, on fausse le marché en laissant croire à l’acheteur que le prix normal c’est 99 centimes. Or, si on veut conserver un certain aspect professionnel au métier d’écrivain, il faut que l’auteur d’un livre puisse en tirer un revenu suffisant pour rémunérer le temps passé à créer. Sinon on arrive à dévaluer le statut de l’auteur qui devient un dilettante dont l’activité première doit être autre. Tout le monde y perd : l’auteur, qui doit passer la semaine à bosser dans un domaine qui ne l’intéresse pas, simplement pour pouvoir manger, et le lecteur qui s’étonne soudain que son auteur préféré ne puisse pas sortir un roman aussi souvent qu’auparavant depuis qu’il doit cantonner ses séances d’écriture aux week-ends !
Donc, choisir son prix, c’est le premier avantage, mais encore faut-il en avoir conscience. Il y en a d’autres, comme par exemple le fait que choisir son prix de vente permette également de choisir la somme qui va vous revenir. Et d’en conserver l’intégralité. Il faut savoir que la plupart des éditeurs ne gèrent pas leurs livres numériques en direct mais passent par des officines spécialisées qui ponctionnent une part du prix de vente et que ce qui reste est ensuite partagé avec l’auteur, à qui on propose généralement un pourcentage ridicule, de l’ordre de 5 % sur le prix de vente hors taxe… À comparer avec les 70 % que vous pouvez obtenir d’Amazon lorsque vous travaillez en direct.
Un autre avantage est d’avoir la main en ce qui concerne la couverture. En général, je n’ai pas eu à me plaindre de celles que me « proposaient » les éditeurs papier, mais il faut bien voir qu’en matière d’édition traditionnelle si on vous demande votre avis sur la couverture, c’est juste pour vous entendre dire que c’est bien. Les rares fois où j’ai émis quelques doutes sur une illustration, on m’a gentiment fait comprendre que ce n’était pas mon domaine et qu’on savait ce qu’on faisait…

Quelles sont les inconvénients ?
Le gros inconvénient que mettent en avant les adversaires de l’édition indépendante, c’est l’absence d’édition, justement. Personne n’est là pour relire votre manuscrit ni vous guider. Mais il faut tempérer cet argument : d’abord, les conseils que vous prodiguent les éditeurs ne sont pas toujours à votre avantage. On sait que Faulkner et Lovecraft, par exemple, avaient subi des réécritures de la part de leurs « editors » ; je ne pense pas que les anonymes qui corrigeaient leurs œuvres étaient forcément mieux placés qu’eux pour juger. Sans aller jusqu’à me comparer à ces deux illustres modèles, mon exemple personnel est assez parlant : j’ai pour l’instant principalement publié en numérique des rééditions d’ouvrages publiés dans le passé et épuisés. Afin de profiter de ces corrections, je scanne le texte publié qui est donc censé avoir été lu, relu, corrigé et recorrigé par une foule de gens. Cela ne m’a pas empêché pour trois ou quatre de mes livres d’y découvrir des fautes élémentaires de grammaire qui m’avaient échappées à l’époque, mais qui surtout avaient reçu l’imprimatur ! Et il ne s’agissait pas de petits éditeurs mais de grandes maisons dont je tairai le nom, les gens responsables de cette « édition » de mes ouvrages n’étant plus en place aujourd’hui. Cette expérience m’a amené à relativiser sérieusement ce que l’on pouvait attendre de l’apport d’un éditeur.
Les autres inconvénients sont d’ordre logistique : éditer, c’est un métier, et l’auteur qui procède seul à l’édition de ses livres doit coiffer plusieurs casquettes qui vont de typographe à maquettiste et illustrateur le cas échéant. Personne ne peut prétendre avoir tous les talents, et il est alors judicieux de recourir à des aides extérieures.
Et enfin, il reste la question des SP : comment faire connaitre son livre si on ne peut pas envoyer de service de presse ? Dans le cas des auteurs qui, comme moi, ont déjà un lectorat, ce n’est pas vraiment un problème : les livres trouvent leur public. Mais j’avoue que pour l’auteur débutant cela doit être difficile.

Quelles difficultés rencontrez-vous, d’ordre technique ou autre ? Que pensez-vous des différentes plates-formes ?
La première difficulté, c’est le temps. Le scan ne fait pas tout, et il faut relire le texte à la recherche des coquilles, puis il faut le calibrer en fonction des spécifications de telle ou telle plate-forme, en suivant des indications en anglais. Pour moi l’anglais n’est pas un problème, mais je comprends que ce soit une barrière pour nombre d’auteurs français.
Cela dit, nous en sommes aux balbutiements de cette nouvelle technologie, et on commence à voir apparaître en France des offres d’« intégrateurs » du type Smashwords, ces offres vont se multiplier, et d’ici deux ans on trouvera trois ou quatre grandes maisons capables de gérer les titres français.
Les différentes plates-formes, du moins celles que je pratique, ont toutes leurs particularités, mais une fois que l’on a compris leur fonctionnement c’est assez simple et rapide. La plus facile à aborder est certainement Amazon KDP, d’abord parce qu’elle est en français. Ensuite, elle est très aisée à manipuler : les pages sont claires, le produit fini apparaît rapidement en ligne, et les restitutions sont le grand plus de ce support. Vous pouvez suivre vos ventes au jour le jour, presque heure par heure, et votre positionnement dans les « charts ». Donc, pour un auteur qui veut s’aventurer dans le royaume du numérique, Amazon KDP est la porte d’entrée évidente.
Ensuite, je bascule mes titres sur Smashwords, qui est un intermédiaire : vous formatez votre texte selon leurs indications, et ils le proposent à tous les diffuseurs (Amazon, Apple, Barnes & Nobles…). Là, les difficultés commencent. Le site est en anglais, et si l’on souhaite être diffusé sur toutes les places, il faut que le livre numérique obtienne la certification « premium », ce qui n’est possible que si le manuscrit est irréprochable (pas de double espace, pas de changement d’alignement des paragraphes en cours de texte, etc.). Et lorsque votre texte n’est pas parfait, vous obtenez juste un message d’erreur, et vous pouvez chercher une heure avant de comprendre que c’est simplement une histoire de taquet mal positionné. Mais bon, une fois passé ce cap, votre livre est en vente sur toutes les plates-formes que couvre Smashwords.
Après quoi, lorsque mon manuscrit a passé avec succès l’examen de Smashwords, je le bascule sur Kobo, ce qui s’avère un jeu d’enfant.
Alors, pourquoi ces trois plates-formes, lorsque l’on sait que Smashwords est un intermédiaire qui propose également de vous diffuser sur Kindle et Kobo ? Tout simplement pour une question de rentabilité : Smashwords prend un pourcentage (raisonnable, mais cela reste un pourcentage) au passage, et j’estime que je peux traiter directement avec Kindle et Kobo (qui diffuse notamment auprès de la Fnac) et donc améliorer la rentabilité globale pour un investissement en temps qui peut paraître important à l’origine mais comptera peu au fil des ans.

Proposez-vous vos livres exclusivement en numérique ou également sur papier ? Comment cela se passe-t-il ?
Pour l’instant, ils sont proposés uniquement en numérique. Mais je commence à regarder sérieusement les possibilités de publication à la demande. Je vais sans doute y venir courant 2013. Il y a une certaine demande des lecteurs, notamment pour les inédits que l’on ne peut donc pas trouver en occasion.

Avez-vous une idée du regard que portent les professionnels du livre – éditeurs, auteurs, libraires, critiques, journalistes – sur les  auteurs indépendants ? Et les lecteurs, qu’en pensent-ils ?
Peut-être faudrait-il définir ce que l’on entend par « auteur indépendant » ? Je pense qu’il y a deux cas de figure : les auteurs qui ont un passé dans l’édition papier, et puis tous ceux qui arrivent aujourd’hui parce qu’ils sont jeunes, ou bien plus âgés mais rejetés par les éditeurs traditionnels jusque-là. Et je pense que la cassure se produit à cet endroit : il y a d’un côté les « vrais » auteurs, et de l’autre ceux que Robert Laffont, dans son autobiographie, appelait les « would-be writers » (« ceux qui voudraient être écrivains ») ; autrefois, ces derniers devaient persévérer, progresser dans leur coin, envoyer leurs manuscrits, se remettre à l’ouvrage, pour finir soit par trouver un éditeur, soit par abandonner, soit par tomber dans le piège du compte d’auteur, soit par recourir à l’autoédition. Très peu arrivaient à ce dernier stade, à cause du coût et de la difficulté à vendre les deux mille exemplaires qui moisissaient au sous-sol. Aujourd’hui, tout le monde peut publier un ebook, et cela ne coûte rien. Le plus fainéant des auteurs peut mettre en ligne son manuscrit sur Amazon KDP en moins de dix minutes. On comprend que certains fassent la grimace lorsqu’on leur parle d’auteurs indépendants.
À l’autre extrémité, vous avez les auteurs confirmés, comme Brussolo qui sort maintenant directement en ebooks ses romans fantastiques, faute de débouché auprès des éditeurs papier. Quand quelqu’un de l’envergure de Brussolo en arrive à autopublier ses inédits, c’est que le monde de l’édition est en train de subir une mutation profonde.
Quant aux lecteurs, vous avez les irréductibles qui jurent que jamais ils ne liront un texte sur un écran, ceux qui parlent du contact sensuel avec le papier, ce que je comprends parfaitement, mais il faut voir que les générations montantes sont plus habituées à tripoter un écran qu’un morceau de papier. C’est une évolution inéluctable, et les grognards qui refusent de le voir me font penser à ceux qui, dans les années cinquante, protestaient contre l’apparition du livre de poche sous prétexte que ce n’était pas un vrai livre, que la littérature avait besoin d’un grand format et d’être vendue cher sous peine d’être dévaluée… les mêmes arguments que l’on retrouve aujourd’hui face au numérique.

À votre avis, de quelle manière le courant indépendant, en littérature, pourra-t-il gagner ses lettres de noblesse ?
Pour gagner ses lettres de noblesse, il faudra qu’il propose des ouvrages de qualité. Le problème des indépendants, c’est que n’importe qui peut aujourd’hui publier n’importe quoi. Pour quelques exemples de belle réussite, on a surtout un gros paquet d’autoédition d’ouvrages qui n’auraient jamais vu le jour s’ils avaient été soumis à un véritable éditeur.
Il va falloir faire un tri dans tout cela, et je pense que cela passera par une prise de conscience des auteurs reconnus qui disposent de titres oubliés. Je pense notamment à tous ces auteurs du Fleuve Noir, à tous ces gens qui fournissaient les collections policières ou de science-fiction dans les années 1970 à 1990 et dont la plupart des ouvrages sont aujourd’hui introuvables. On commence à voir cela aux États-Unis, et dans une moindre mesure en France, où l’on a encore quelques années de retard, mais cela va venir. Que des gens comme Brussolo commencent à y venir est un très bon signe.

Comment voyez-vous l’évolution de ce mode de publication ?
Je pense que les auteurs confirmés dont je viens de parler vont bientôt se réveiller en réalisant qu’ils sont assis sur un trésor sans en avoir conscience. Lorsqu’ils comprendront qu’ils peuvent financer une partie de leur retraite en ressortant ces titres, on va voir déferler une vague d’auteurs confirmés. Cela commence à se produire aux USA, où les auteurs des pulps réapparaissent avec leurs titres épuisés et quelquefois des inédits. Bientôt, tous les titres épuisés seront à nouveau disponibles. De toute façon, les auteurs ont intérêt à ressortir leurs livres s’ils ne veulent pas les voir numérisés sauvagement dans le cadre de la loi sur la numérisation des « œuvres indisponibles » : ces mêmes éditeurs qui n’exploitent plus leurs livres auront le droit d’encaisser les royalties du numérique en leur nom et de leur jeter quelques miettes ; cela vaut peut-être la peine de se pencher sur la question. Les auteurs ont la chance aujourd’hui de pouvoir prendre leur vie en main, il serait dommage qu’ils n’en profitent pas.
Et puis bien sûr, il y a quelques success-stories comme celle de Barbara Freethy qui vont commencer à faire réfléchir les autres : cet auteur américain qui ne parvenait pas à faire rééditer ses anciens titres a décidé de les mettre elle-même en ligne. Elle est à plus de deux millions d’exemplaires vendus, et tous ses nouveaux titres sortent directement en numérique. Quand on verra des gens comme cela remporter de grands succès, les opinions évolueront. On commence d’ailleurs à voir de plus en plus d’auteurs à succès qui se réservent les droits numériques (le cas de JK Rowling me vient à l’esprit).

Pouvez-vous nous présenter le dernier roman que vous proposez en auteur indépendant ?
J’ai mis en ligne en 2012 sur Amazon KDP un roman inédit intitulé Liés par le sang. C’est l’histoire d’un jeune couple, Éric et Élise ; ils sont au chômage tous les deux, en fin de droit, il est handicapé, elle est enceinte, ils n’ont d’autre solution que de demander l’asile à la famille d’Éric qui l’a rejeté lorsqu’il avait cinq ans. Ils arrivent donc dans une scierie au bord de la faillite, au plus profond des Vosges. L’accueil est plutôt froid, mais Éric ne pense qu’à une chose : gagner l’amour de sa mère et de ses frères, s’intégrer dans cette famille qui lui a tant manqué. Élise voit la situation un peu différemment. Les frères lui font peur, et elle ne pense qu’à une chose : partir au plus vite. Quand elle parvient enfin à convaincre Éric, il est trop tard : ses frères l’ont entraîné trop loin, et il n’a plus d’autre choix que de les suivre.
Pour l’instant il n’est disponible que sur Kindle, mais je vais bientôt le proposer sur les autres plates-formes. Ce roman marche très bien, et les notes qu’il a récoltées sur Amazon sont des cinq-étoiles… Pas mal pour un livre publié « sans éditeur ».

Pour en découvrir davantage sur l'auteur, visitez son site officiel.
Consultez sa page auteur.


1 commentaire:

  1. Analyse et remarques très pertinentes sur l'édition traditionnelle et l'autoédition. Et de la part d'un connaisseur surtout.

    RépondreSupprimer

Vos commentaires sont les bienvenus.