Djian n’a jamais rien raconté
d’extraordinaire, c’était la manière dont il racontait qui était
extraordinaire. Ses vrais fans, ceux de la première heure, ne s’attachaient
qu’à son écriture, qu’à son style, qu’à sa musique. Et si par le passé il
balançait un rock plutôt heavy, il crachote depuis sa période post-Barrault une
variète tiédasse. C’est sa stratégie pour séduire une certaine critique qui le
vomissait dans les années 1980 et qui, grâce à ce retournement de veste,
l’encense aujourd’hui. Les ex-groupies, dont je suis, encaissent difficilement.
Et se désespèrent de le voir se fendre, lui aussi, de son porno pour
« manman », qui pourrait s’intituler Cinquante nuances
d’ennui. La manman en question, caricature de bobo – presque un
pléonasme –, dirige une boîte de prod à Paris et aime trop se faire violer par
son voisin, les jours où elle ne couche pas avec le mari de sa meilleure amie.
Hyper hype, voyez ? Les personnages, l’histoire et les situations sont
tous plus ridicules les uns que les autres, et tout s’embrouille de manière à
ce que le lecteur ne se rende pas compte de la supercherie. Raté. On n’est pas
dupe. Non seulement Djian n’a plus rien à dire, mais il le dit mal. Les
histoires de quéquette de cette productrice sentent la naphtaline, quand ce
n’est pas le bromure. Les problèmes de couple de son grand gland fils nous en
touchent une sans faire bouger l’autre. Et le passé de mass
killer de son père tombe comme un poil de cul dans la soupe. Quel
gâchis ! Quel dommage ! Philippe, reviens ! Décidément, avec
tout ce qu’elle nous a proposé en la matière, la rentrée se la joue vraiment
petite bite. Seul point positif, ça donne furieusement envie de relire Sade.
(Article paru dans Service littéraire en novembre 2012)
On est d'accord: Djian n'a jamais rien écrit d'extraordinaire!
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