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12 mars 2013

Mohamed Mouras : vendre son livre sans vendre son c…


Mohamed Mouras est l’auteur du guide à succès Comment se motiver et avoir cette satanée volonté, publié en indé. Spécialiste du développement professionnel, du développement personnel et des soft skills (qualités humaines et relationnelles intrinsèques à une personne), il propose, dans Comment vendre son livre sans faire le tapin, d’apporter aide et conseils aux auteurs désireux de faire connaître leur travail et qui ignorent par où commencer, voire s’ils ont même envie de commencer. Mais cet ouvrage est là pour nous apprendre, entre autres, que « marketing », « publicité », « communication » et « argent » ne sont pas forcément des gros mots. Et qu’on ne vend pas forcément son âme en vendant sa production, fût-elle littéraire.

DR
Vous publiez sur Amazon, aujourd’hui 12 mars 2013, un livre intitulé de façon éloquente Comment vendre son livre sans faire le tapin. De quoi est-il question ?
Je dois rendre à César ce qui est à César, le titre m’a été inspiré par l’auteur Jacques Vandroux. Lors d’une correspondance par mail, la femme de Jacques m’a dit que beaucoup d’auteurs voyaient le marketing un peu comme de la prostitution. Il ne m’en fallait pas plus pour mettre en marche mon esprit retors et lancer la production d’une couverture tout aussi perverse.
Ce sixième livre part d’un constat simple. Beaucoup d’auteurs ne comprennent pas vraiment que le point final de leur roman, guide ou autre n’est en vérité que le commencement d’une longue histoire d’amour mêlée de haine où la question principale est : « Pourquoi personne n’achète mon livre ? »
Et à cette question, beaucoup d’auteurs finissent par répondre : « Je ne suis pas assez bon. » J’ai voulu écrir ce livre pour dire : « Vos qualités d’écrivains n’ont bien souvent rien à voir, personne ne peut aimer un livre dont il ne connait même pas l’existence ! »

Lorsqu’on est un auteur indé, il faut tout faire soi-même, ce qui inclut la promotion, le marketing et la communication sur ses livres. De quelle manière votre guide Comment vendre son livre sans faire le tapin peut-il aider les indés ?
Ce livre est simplement un guide pas à pas pour mettre son livre en face d’un maximum d’yeux. Si votre plume n’est pas trop atroce, vous vendrez des livres et vous aurez la chance de continuer à faire ce que vous aimez faire : écrire !
Avant de parler du contenu de ce livre, je fais un petit interlude sur ma gentille personne. Je suis blogueur sur SemeUnActe.com depuis 3 ans et blogueur pro depuis 1 an et demi. Mon travail est de me connecter avec des gens, et particulièrement des influenceurs. C’est ainsi que je vis aujourd’hui de mes activités numériques.
Il est évident que personne ne réussit en devenant une île. Mon travail est de placer l’être humain au centre de tout ce que je fais. Pourquoi ? Parce que la réussite comme je la conçois est une somme d’interconnexions. Plus je donne, plus je reçois. C’est cela, le vrai marketing.
Or pour bon nombre de personnes (et d’auteurs) la notion de marketing implique de « se vendre »… et bien entendu, personne ne veut se prostituer. Mon ajout au titre « sans faire le tapin » vient de cette simple idée. Il n’y a aucune honte à vouloir vivre de ce que l’on aime faire. Et il faut que tous les auteurs, indépendants ou non, comprennent bien une chose : ils ne pourront jamais vivre de livres qui ne se vendent pas.

Vous avez vous-même déjà publié 5 livres en auteur indépendant. Quels thèmes abordaient-ils et pourquoi ce choix de l’indépendance ?
Alors, suivons l’ordre chronologique.
Papa, assieds-toi, je vais t’expliquer 2 ou 3 choses sur la vie est une conversation entre mon premier fils, Adam, et moi. Il m’explique avec humour sa vision de la vie à travers les expériences qu’il a avec sa mère. O.K., je l’avoue mon fils n’a pas écrit un seul mot J
Le livre est librement téléchargeable sur mon blog paternel Simpledad.
Un moment pour semer, une vie pour récolter est un hymne aux gens qui font les choses « différemment ». À travers mon histoire et mon expatriation de 4 ans en Inde et dans le Golfe, je fais l’apologie d’une seule phrase : « Soyez différent, vous ferez la différence ! »
Le livre est librement téléchargeable sur mon blog de développement personnel SemeUnActe.com
Du développement personnel au leadership personnel est un livre qui traite d’un concept que nous avons du mal à comprendre en France (et plus généralement dans la francophonie), le concept de leadership. En français, on le traduit parfois par « chefferie », ce qui est exactement à l’opposé de ce qu’est vraiment le concept de leadership.
Ce livre peut se résumer par la phrase de Jack Welch (p-dg durant 20 ans de General Electric) : « Contrôlez votre vie ou quelqu’un se fera une joie de le faire pour vous ! »
Du leadership personnel à l’entrepreneuriat exceptionnel est une sorte de suite au livre précédent. Il est assez autobiographique, car il suit mon parcours d’entrepreneur. Mais je l’ai surtout écrit pour apporter ma modeste contribution à quelque chose qui m’est cher : l’évolution des mentalités en France, en ce qui concerne ce gros mot de « patronat ».
Ce livre ne porte qu’un seul message : « Oui, je suis entrepreneur, mais non je n’ai pas envie de marcher sur la tête des gens pour réussir. »
Comment se motiver et avoir cette satanée volonté est un coup de poing sur la table. Cela fait deux ans que je suis de retour en France et j’en ai marre que tout le monde me dicte mon « climat intérieur ». Ce que j’appelle le climat intérieur c’est ce qui se passe au fond de nous tous et qui, dans le meilleur des mondes, devrait être dicté par notre cerveau et notre cœur.
Ce livre a pour but de redonner au lecteur la motivation qui lui fait défaut, en le faisant réfléchir aux causes profondes de son manque de motivation. C’est celui qui, de loin, a marché le mieux sur Kindle, puisqu’il est dans le TOP100 depuis plus d’un moins maintenant.

Publiez-vous exclusivement en numérique ou également en papier ?
Je vais vous faire une confidence, j’ai une proposition d’un éditeur papier. Comme les discussions ne sont pas vraiment terminées, je tairai le nom de cet éditeur. Je dirais seulement que les discussions sont au point mort, car j’ai fait comprendre de manière très claire que je ne lâcherai pas mes droits numériques.
À mon sens, il revient à chacun de s’occuper de son domaine. Le papier, je n’y comprends rien, je vous le laisse volontiers. Le numérique, c’est mon domaine… et il n’est pas question de faire tout le travail de promo pour au final récolter 10 % de la vente.
Parce que, oui, c’est une histoire d’argent. Écrire un livre vous donne de l’autorité, c’est peut-être vrai… encore que… mais honnêtement je me fous de l’autorité que je pourrais avoir si mes poches sont vides. Cela équivaut pour moi à celui qui roule en BMW et qui mange des patates tous les jours. Au final, je crois que les éditeurs papiers en France ne sont pas près de comprendre que, pour certains auteurs, écrire et publier des livres est un business, pas une idéologie !

Comment élaborez-vous votre politique tarifaire ?
J’aimerais bien le savoir moi-même. Honnêtement je me contente de faire des tests, rien de plus, rien de moins que des tests. Et voici quelques enseignements.
0,99 € est un excellent prix pour faire de la masse, car vous ôtez de l’esprit de l’acheteur la plus grande peur : celle de se faire avoir ! Par contre, sur Amazon, vous ne recevez que 35 % de royalties. C’est aussi un prix qui m’a attiré des personnes qui n’avaient aucune considération pour mon travail.
2,99 € est un bon prix car vous recevez 70 % (en réalité 66%) du prix de vente, toujours sur Amazon. Il est cependant plus difficile de faire du chiffre. Par contre, rapidement, si vous accrochez un livre à 2,99 € dans le TOP 100, ou mieux, dans le TOP 20, eh bien sachez que vous commencerez à faire de belles petites sommes en fin de mois.
4,99 € c’est le Graal… pas celui de tout le monde, c’est vrai, mais c’est le mien. Il faut savoir que 10 livres par jour à ce prix vous permettent de faire plus de 1 000 euros par mois. Je sais qu’on ne parle pas d’argent quand on aime, mais ici je veux juste que tout le monde réalise quelque chose : si vous réussissez cela, vous êtes infiniment moins dépendant de votre travail salarié et donc vous êtes plus libre de faire ce que vous aimez, écrire !

Êtes-vous présent exclusivement sur Amazon, et si oui, pourquoi avoir opté pour cette exclusivité ? Ou bien êtes-vous présent sur d’autres plates-formes, et dans ce cas, pouvez-vous dresser un comparatif des différents systèmes ?
Je ne suis présent que sur Amazon pour le moment. C’est un mélange de « je n’ai pas envie de me prendre la tête pour gagner 10 % de revenus en plus » et « je lis partout qu’Amazon c’est 90 % et que c’est simple, les autres c’est 10 % et c’est compliqué »
Comment vendre son livre sans faire le tapin sera le premier livre que je vais proposer ailleurs. Je pense à iBooks en tout premier lieu. Je sais très bien que cela ne changera pas la donne fondamentalement, mais j’ai envie d’essayer et de voir par moi-même le résultat. Comme je prévois la sortie d’une version enrichie de ce livre, ce sera l’occasion d’ajouter mes expérimentations ailleurs.

Avec lequel de vos livres avez-vous remporté le plus de succès ?
Comment se motiver et avoir cette satanée volonté. Je crois qu’il y a eu une rencontre entre un bon livre et son public.
Le livre est entré dans le TOP 100 seulement 2 jours après sa sortie et est resté dans le TOP 20 pendant plus de 3 semaines. Il faut comprendre que, pour un guide, c’est assez incroyable. Vous n’avez qu’à juger par vous-mêmes, vous verrez que la quasi-totalité du TOP 20 Amazon est voué à la fiction. Je ne le cache pas, j’étais assez fier de trôner aux cotés des ces « vrais » livres.

Comment envisagez-vous l’avenir du courant indé en littérature ? De quelle manière gagnera-t-il ses lettres de noblesse et le respect des lecteurs ?
Nous n’avons encore rien vu ici en France, absolument rien !
Je pense sincèrement que le meilleur est à venir dans le milieu indépendant. Si vous faites attention, vous verrez que nombre d’auteurs indés ont déjà commencé à marcher sur les plates-bandes des maisons traditionnelles :
- des couvertures plus pro (certains diront que ce n’est pas difficile, vu ce que font certaines maisons d’éditions dites professionnelles) ;
- des titres accrocheurs ;
- des descriptions qui donnent vraiment envie de lire le livre (là aussi kudos pour les maisons traditionnelles… c’est ironique) ;
- des prix qui font qu’absolument aucune maison « du patrimoine » ne peut tenir la route.
L’avenir, pour moi, c’est ce que vous et moi faisons aujourd’hui même. Plus d’auteurs qui comprendront les ficelles marketing du métier. Plus de professionnalisme, plus de tablettes numériques, car je pense vraiment que la France va sauter l’étape de la liseuse.
Par contre la question que je me pose concerne vraiment Amazon. Aujourd’hui, Amazon est incontournable, mais qu’en sera-t-il dans 5 ans ? Je sais que le salut ne viendra pas d’une entreprise française (j’en suis le premier choqué), car malheureusement on ne laisse pas les entreprises de l’Hexagone se développer pour faire de la vraie concurrence aux géants américains.
Je me dis en revanche qu’il y a trop de mastodontes outre-Atlantique qui veulent une part de ce gâteau pour que les forces en présence ne changent pas. Je parle bien sûr de Google et d’Apple qui, tous les deux, ont fait des pas dans la direction du marché juteux d’Amazon mais qui n’ont pas encore vraiment montré les dents.
Google sort des tablettes de moins en moins chères et construit un écosystème de plus en plus au point. En français je parle simplement de l’environnement Google Play et Google Livres. Quant à Apple, l’iPad Mini est promis à un bel avenir en tant que liseuse. Celles et ceux qui pensent qu’Apple c’est cher… oh oui, mais aujourd’hui qui n’a pas son iPhone ?
Tout le monde sera d’accord pour dire que ces deux-là ont de très sérieuses armes pour taper Amazon là où cela pourra lui faire très mal.
J’ai tendance à penser que ce sera une bonne chose, car aujourd’hui si Amazon vous blackliste pour une raison ou pour une autre, vous êtes foutu ! Aucun concurrent sérieux, cela veut dire aucune échappatoire. Pour celles et ceux qui aiment les images, cela revient à vivre en dictature !
Pour finir, n’attendez rien du gouvernement français (gauche/droite même combat), ni en matière d’innovation, ni en matière de subvention de l’innovation, ni en matière de dispositions légales permettant de sauvegarder notre « exception culturelle ». Plus ce fait sera clair dans l’esprit des acteurs de la culture en France, plus nous pourrons sérieusement envisager des solutions pour le futur. Et cela, que ce soit en matière de publication indé ou de publication diverses traditionnelles (livres, magazines, journaux, etc.).

Vous avez créé, il y a 3 ans, le blog SemeUnActe.com, de quoi y est-il question ?
« Sème un acte, tu récolteras une habitude
Sème une habitude, tu récolteras un caractère
Sème un caractère, tu récolteras une destinée. »
(Sa Sainteté Le Dalaï Lama)
Tout est parti de là. Je l’avoue, je suis un peu bouddhiste sur les bords… parfois, le lundi matin après mon petit-déjeuner J
En 2010 ma femme en a simplement eu marre d’être la seule à « profiter » de mes bons conseils. Elle m’a donc suggéré d’ouvrir un blog. Elle, écrivait depuis 2008 sur Liyah.fr, elle s’y connaissait donc et cela m’a paru être une bonne idée.
J’ai d’abord commencé par du développement personnel pour pour ensuite dériver vers le développement professionnel des « soft skills » et du leadership. Aujourd’hui, SemeUnActe est un endroit où je vends des formations et des livres dans ces domaines. Il y a actuellement plus de 400 articles en libre accès, donc il y a de quoi se faire plaisir.

Voulez-vous ajouter autre chose ?
Rien si ce n’est remercier l’intervieweur et les lecteurs qui auront eu le courage d’arriver jusqu’ici J. Je vais traîner un peu dans le coin pour répondre aux commentaires.



Les blogs de l’auteur :

Un blog ami :



5 commentaires:

  1. Un grand merci Laurent pour l'opportunité de m'exprimer sur ce thème du Marketing Kindle qui me tient à coeur.

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  2. intéressant. j'ai appris beaucoup de chose en lisant cet article. je mets ce blog dans mes favoris pour le consulter plus en avant parce que je crois que je vais sauter le pas du numérique pour mon écrit.
    elisabeth charier

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    1. Merci Elisabeth :-)
      L'autoédition numérique est vraiment une avancée majeure dans le domaine du livre, mais comme toutes les révolutions celles et ceux qui la vivent ne s'en rende presque jamais compte !

      Si tu veux sauter le pas, rien ne doit t'en empêcher, les conseils sont là, fait ce que tu as à faire pour proposer ta marque de fabrique au monde :-)

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  3. Il est essentiel pour des auteurs, pas forcément à l'aise dans ces pratiques, d'être aidés par ce genre d'ouvrage.

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  4. Merci, Elisabeth, ça fait plaisir d'être utile :-)

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