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10 janvier 2015

Extrémisme et communautarisme : les graines de la haine

Qu'est-ce qui pousse les hommes à se haïr ? L'extrémisme et le communautarisme, entre autres.
Le choc Charlie Hebdo
Comme beaucoup, je reste encore sous le choc de l'attentat qui s'est perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier, et de l'horreur qui s'en est suivie. Le parcours aura été sanglant de bout en bout, et il ne pouvait en être autrement.
Je suis né en 1968 et j'ai été biberonné à Hara-Kiri, à Charlie Hebdo, à Fluide glacial, à l'humour bête (mais pas tant) et méchant (mais pas tant) de Choron, Cavanna, Reiser, Wolinski, Cabu, Kamagurka et les autres.
Alors forcément, ce qui s'est passé me plonge dans une tristesse infinie, j'ai le sentiment que c'est ma jeunesse qu'on a fusillée, mon adolescence, un bout de mon histoire, une partie de moi-même.

La Marche républicaine
Participerai-je pour autant à la Marche républicaine du 11 janvier, en la mémoire des dessinateurs et des autres morts de cette tragédie ?
Je n'ai pas encore la réponse définitive à cette question, mais je penche pour le non. Mon fils de 16 ans, à qui j'ai fait découvrir cette bande-là, cet état d'esprit-là, ne comprend pas mes réserves, lui qui a déjà organisé sa marche avec ses potes du lycée.
Je ne doute pas que la plupart des citoyens qui marcheront demain le feront dans un élan spontané de compassion et de solidarité, dans le but de défendre la démocratie et la liberté d'expression. Pour cela, j'aimerais moi aussi céder à la spontanéité.

La récupération politique
Mais le battage et la récupération politique autour de cet événement me donnent la nausée. Je ne suis pas certain que ceux de Charlie auraient apprécié d'être utilisés de la sorte pour redorer le blason des partis politiques. Bien sûr, si j'y allais, ce serait dans l'esprit de marcher, non pas aux côtés de politiciens, mais de mes semblables, les citoyens, les hommes, les vrais gens de la vraie vie, dans un même mouvement du cœur, de partage, de communion.
J'ai bien dit « mes semblables les hommes », pas « mes semblables les Français » ni mes semblables « les catholiques », ni « mes semblables les musulmans », ni « mes semblables les juifs ». Bon, O.K., je suis athée pratiquant. Bref, je ne raisonne pas en fonction d'une appartenance quelconque, qu'elle soit nationale ou religieuse. Je ne suis rien d'autre qu'un homme, au sens d'être humain, un Terrien. J'habite sur une planète, la Terre, dans une région géographique politiquement délimitée qu'on appelle la France. J'ignore ce qu'est un pays, je ne revendique aucune possession en ce sens. Il se trouve juste que par un hasard biologique, génétique, je suis né quelque part (sacré Maxime !) et que j'y vis encore. Mais ce territoire arbitrairement délimité ne m'appartient pas plus qu'à quiconque qui serait né ailleurs. D'autre part, je ne me réclame d'aucune religion ni ne ressens aucune affinité pour l'une ou l'autre. Pour moi, il n'y en pas une qui soit meilleure ni pire que l'autre, et je respect de la même manière toutes les croyances.

Les graines de la haine
C'est parce que, depuis toujours, les politiciens, ceux-là même qui défileront le 11 janvier, utilisent l'idée d'appartenance, à un pays ou à une confession, que nous en sommes arrivés à des drames comme celui du 11 Septembre et de Charlie Hebdo.
C'est parce qu'il résulte de telles idées d'appartenance une notion d'intégration, de groupes, de clans, que nous en sommes là aujourd'hui. Or, non, il n'existe pas de nationalité ou de religion meilleure qu'une autre.
Cet outil de discrimination n'est pas le seul. On peut citer la discrimination par l'argent, la discrimination par le travail, la discrimination par les réseaux, la discrimination par la naissance.
Tout cela a conduit depuis des années et des années à creuser le fossé entre les privilégiés toujours plus privilégiés et les autres, les laissés pour compte, toujours plus nombreux. Voilà le berceau de l'extrémisme et du communautarisme, voilà le lit qu'ont creusé les politiciens de tous bords. Voilà ce qui aboutit à ce que nous avons vécu ces derniers jours.
Pas besoin d'une marche républicaine trop tardive et trop orchestrée pour comprendre que la solution réside dans le respect de l'autre, dans l'ouverture à l'autre et dans le partage. Cela passe par l'éducation, par l'école de la République, par le dialogue, par la pédagogie. Et ça, j'ai déjà le sentiment de le faire au quotidien. Ce sujet me tient tellement à cœur que je lui ai consacré un roman, paru dernièrement. J'aimerais l'offrir à tous les politiciens et à tous les médias, tous ceux qui défileront demain. Mais ils sont tous bien trop occupés à buzzer sur Houellebecq et Zemmour, histoire de jeter encore un peu plus d'huile sur le feu.
C'est qu'ils me feraient presque éprouver de la haine à moi aussi, ces cons-là. Ils sont forts… Et tellement illégitimes.

1 commentaire:

  1. et à tous les médias, tous ceux qui défileront demain. Mais ils sont tous bien trop occupés à buzzer sur Houellebecq et Zemmour, histoire de jeter encore un peu plus d'huile sur le feu. haine

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