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21 juin 2013

Les contrées de la peur


Pour traduire Lovecraft, David Camus est l’homme de Providence


On consacre rarement une chronique littéraire sur un ouvrage traduit au travail du traducteur. Normal, puisque dans la plupart des cas il s’agit d’œuvres inédites pour lesquelles l’important est de faire découvrir le texte. Voici là une magnifique opportunité de changer la donne, avec cette nouvelle traduction des Montagnes hallucinées, de H.P. Lovecraft, parue aux éditions Mnémos. Le passeur de mots, cette fois, s’appelle David Camus. Lui-même auteur, à qui l’on doit, entre autres, le cycle du Roman de la Croix (Robert Laffont), il a déjà traduit du même Lovecraft Les Contrées du rêve (toujours chez Mnémos). Selon Camus, Lovecraft est l’écrivain de l’indicible, et pour le saisir on doit regarder comment il n’écrit pas ! Un cauchemar pour tout traducteur normalement constitué, en somme. Il est vrai que Lovecraft fait du cauchemar sa matière première. Mais David Camus ne voit dans ce défi à relever qu’un doux rêve de jeunesse. Des années, qu’il fréquente son auteur fétiche (oui, on peut parler de fétichisme, à ce stade) pour parvenir à ce degré de fusion avec lui, pour parler aussi bien son langage ô combien particulier, pour en éviter les contresens et les pièges dans lesquels d’autres tombent si facilement. Camus a même créé son dictionnaire lovecraftien (à quand sa parution ?), les récits ne lui suffisaient plus. Laissons-nous donc embarquer par ce guide de haut vol, par ce maître ès Lovecraft, dans les voyages que nous proposent ces six nouvelles. Voyages de première classe dans les contrées de la peur, au bout de l’horreur, avec les sublimes « L’Appel de Cthulhu », « Les Montagnes hallucinées » et « Dans l’abîme du temps ». On croyait avoir lu ces textes, mais c’était avant de les avoir lus préfacés et traduits par David Camus.

Les Montagnes hallucinées, de H.P. Lovecraft, traduit par David Camus, Mnémos, 330 p., 22,50 € (article paru dans Service littéraire en mai 2013).

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