Le contrat d'auteur : une proposition qu'on ne peut pas refuser ?
Cette année, au Salon du livre, j'ai eu la chance et le plaisir d'intervenir à deux tables rondes très intéressantes qui avaient pour sujet la place de l'auteur dans l'univers de l'édition. La première était organisée par la Société des gens de lettres et avait pour titre « Autoédition pour quoi faire ? » ; la seconde, organisée par le Salon du livre, s'intitulait « Les auteurs écrivent l'avenir du livre ».
Ces débats ont permis, dans un premier temps, de dresser un états des lieux. Et de montrer à quel point la situation des auteurs n'était pas toujours des plus brillantes.
À commencer par les contrats :
- cession des droits d'auteur jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur ;
- pourcentage compris entre 5 et 8 % du prix hors taxe du livre, ce qui laisse royalement à l'auteur environ 1,50 € en poche par livre vendu ;
- pourcentages identiques sur le livre électronique (ce qui laisse encore moins à l'auteur), dont le prix hors taxe est inférieur à celui du papier et dont les coûts de fabrication et de gestion sont moindres ;
- pourcentages identiques sur le livre électronique (ce qui laisse encore moins à l'auteur), dont le prix hors taxe est inférieur à celui du papier et dont les coûts de fabrication et de gestion sont moindres ;
- à-valoir en forte baisse, voire à « rembourser » sur les livres futurs, si les ventes du précédent n'ont pas suffi à les couvrir ;
- paiement et reddition des comptes une fois par an ;
- cession des droits d'adaptation audiovisuelle dans des proportions pas toujours équitables.
Avec de tels contrats, le créateur de l'oeuvre – c'est-à-dire celui qui fait fonctionner le système – est donc celui qui est le moins payé, et de très loin. Il faut bien reconnaître que la signature d'un contrat d'auteur ressemble parfois à une proposition qu'on ne peut pas refuser.
L'autopublication peut parfois être un grand bol d'air pour certains auteurs. |
Le numérique nous a inévitablement conduits à évoquer l'autopublication, autour des deux tables rondes. Je précise immédiatement que je ne me pose ni en prosélyte ni en chantre de l'autopublicaion, et que je n'oppose pas ce mode d'édition à l'édition traditionnelle. Les deux peuvent avoir du bon et du mauvais. Je n'oppose pas non plus le livre électronique au livre papier.
Il est simplement ressorti des débats que l'autopublication, via le numérique (c'est également possible en papier, mais l'absence de diffusion en librairie est un gros frein), peut apporter une solution intéressante à bon nombres d'auteurs :
- ceux qui ne trouvent pas d'éditeur mais qui veulent trouver leur lectorat malgré tout (il arrive d'ailleurs que certains d'entre eux, qui connaissent des succès, se fassent ensuite contacter par des éditeurs) ;
- ceux qui ne veulent pas passer par l'édition traditionnelle ;
- ceux qui ont des contrats d'édition pour le papier mais qui n'ont pas d'avenants pour le numérique et qui veulent exploiter leurs œuvres sous ce format.
On pourrait même envisager un mix pour certains auteurs qui auraient un éditeur pour le papier mais qui conserveraient leurs droits numériques et qui les exploiteraient seuls. Dans la mesure où si peu d'éditeurs, pour l'instant, ont réellement l'intention de promouvoir le numérique, pourquoi priver les auteurs d'une telle opportunité d'augmenter leurs revenus ?
Les moyens d'être davantage maîtres de leur parcours pour les écrivains, ou de rééquilibrer le rapport de force avec les éditeurs, ne sont donc pas nuls, mais ils exigent un effort de regroupement, d'unification et une volonté de se prendre en charge qui font probablement encore défaut dans nos rangs, à l'heure où j'écris ces lignes.
Il me semble néanmoins que les lignes bougent et que, de plus en plus, nous prenons conscience que :